(Rome) Le pape François a entrepris dimanche sa visite officielle au Canada dans le but de réconcilier l’Église catholique avec les Autochtones et de leur offrir des excuses officielles pour les sévices passés dans les pensionnats.

L’avion du souverain pontife est arrivé dimanche à Edmonton.

Il a été accueilli par le premier ministre fédéral Justin Trudeau, la gouverneure générale Mary Simon, des dirigeants autochtones ainsi que des dignitaires religieux et politiques.

Le pape a eu droit à une cérémonie de tambour présentée par la nation sioux Alexis Nakota.

  • Le pape a participé à une cérémonie de bienvenue en compagnie de Justin Trudeau et de la gouverneure générale Mary Simon.

    PHOTO PATRICK T. FALLON, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Le pape a participé à une cérémonie de bienvenue en compagnie de Justin Trudeau et de la gouverneure générale Mary Simon.

  • Une dirigeante autochtone souhaite la bienvenue au Saint-Père

    PHOTO GUGLIELMO MANGIAPANE, REUTERS

    Une dirigeante autochtone souhaite la bienvenue au Saint-Père

  • Le souverain pontife embrasse la main d’une dignitaire.

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    Le souverain pontife embrasse la main d’une dignitaire.

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  • Des musiciens autochtones ont participé à la cérémonie de bienvenue.

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    Des musiciens autochtones ont participé à la cérémonie de bienvenue.

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Au cours de sa visite de six jours au pays, le pape François se rendra également au Québec et à Iqaluit.

Lisez « Le voyage tant attendu »

« J’espère que, avec la grâce de Dieu, mon pèlerinage pénitentiel pourra contribuer au chemin de réconciliation déjà entrepris », indiquait un message écrit sur le compte Twitter du pape.

Un ascenseur a permis au pape de descendre de l’avion. Une Fiat l’a ensuite amené jusqu’au hangar de l’aéroport. Il s’est ensuite assis dans un fauteuil roulant. Il a alors été poussé jusqu’au tapis rouge où l’attendaient les dignitaires.

PHOTO GREGORIO BORGIA, ASSOCIATED PRESS

Le pape a fait le trajet entre l’avion et l’aéroport à bord d’une voiture.

Le grand chef du territoire du Traité no 6, George Arcand fils, a remis un médaillon au souverain pontife. M. Arcand dit avoir vécu cette expérience avec beaucoup d’humilité. « J’ai demandé au pape de nous accompagner dans ce nouveau périple. »

François a ensuite embrassé la main d’Alma Desjarlais, une survivante d’un pensionnat, de la Première Nation de Frog Lake, qui lui a souhaité la bienvenue en compagnie du grand chef Greg Desjarlais de la Confédération des nations du Traité no 6.

Le souverain pontife a remis à chaque invité une boîte rouge, la plupart renfermait une pièce de monnaie commémorative. Quelques membres du clergé ont plutôt reçu un chapelet.

Le pape a ensuite été escorté jusqu’au séminaire Saint-Joseph d’Edmonton où il demeurera pendant son séjour en Alberta.

Il doit visiter lundi l’ancien pensionnat d’Ermineskin, dans la communauté de Maskwacis, au sud d’Edmonton.

C’est là qu’on s’attend à ce qu’il présente les excuses officielles de l’Église catholique aux peuples autochtones du Canada pour les abus dont ils ont été victimes.

Le souverain pontife a déclaré la semaine dernière qu’il espérait que ce « voyage pénitentiel » contribuerait à la guérison et à la réconciliation.

On estime que 150 000 enfants autochtones ont été forcés de fréquenter les pensionnats au Canada, où la négligence et les abus physiques et sexuels étaient monnaie courante. Plus de 60 % des écoles étaient dirigées par l’Église catholique.

M. Arcand fils avait affirmé la semaine dernière que les survivants avaient subi un traumatisme inimaginable pendant de nombreuses générations. La reconnaissance de leur douleur par le pape est une étape cruciale, selon lui.

« Il s’agit d’un moment historique important pour les survivants du système des pensionnats autochtones », a souligné M. Arcand fils, la semaine dernière.

Le 1er avril dernier, après avoir rencontré pendant plusieurs jours des groupes des Premières Nations, des Inuits et des Métis au Vatican, le pape François s’est excusé pour la conduite déplorable de membres de l’Église dans ces pensionnats. C’est alors qu’il a promis de visiter le Canada.

Les délégués autochtones avaient cependant dit au pape qu’ils voulaient des excuses officielles en sol canadien.

Les dirigeants des Premières Nations de l’Alberta ont dit s’attendre à ce que la présence du pape ouvre de vieilles blessures pour les Autochtones et que des conseillers en santé mentale seront sur place. Ils espèrent que la visite sera un pas vers la réconciliation.

« Nous sommes ici avec vous et nous vous soutenons », a déclaré le chef de la tribu Louis Bull, Desmond Bull, aux survivants la semaine dernière.

Des milliers de personnes attendues

Le pensionnat d’Ermineskin, situé au sud d’Edmonton, était l’un des plus grands du Canada. Les organisateurs de la visite pontificale ont dit qu’ils s’attendent à ce qu’environ 15 000 personnes soient présentes à Maskwacis pour voir le pape François, âgé de 85 ans.

Les organisateurs ont souligné qu’en raison des limitations physiques du pape François, ce dernier participera à des évènements publics pendant environ une heure.

Lundi, le chef de l’Église catholique rencontrera les paroissiens d’une église du centre-ville d’Edmonton. Une grande messe en plein air au stade de football de la ville est prévue mardi. Le pape se rendra ensuite au lac Sainte-Anne, tout près, pour participer à un pèlerinage annuel.

Le pape François est attendu mercredi à Québec, où il rencontrera le premier ministre Justin Trudeau et la gouverneure générale, Mary Simon et il devrait y prononcer une allocution publique. Jeudi, il présidera une grande messe à la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré, près de Québec.

La visite pontificale se terminera vendredi à Iqaluit, dernière étape du pape François au Canada avant son retour au Vatican.

Des milliers de personnes de différentes régions du pays sont attendues aux activités du pape François au Canada.

Mabel Brown, une survivante d’un pensionnat aujourd’hui âgée de 77 ans, s’est rendue à Edmonton depuis Inuvik pour entendre les excuses du pape et trouver ainsi le pardon et la voie de la guérison avec d’autres survivants.

« C’est un moment très important de l’histoire, a-t-elle dit. De meilleures choses restent à venir. »

Il existe une ligne d’assistance téléphonique pour aider les survivants des pensionnats autochtones et leurs proches qui pourraient souffrir d’un traumatisme avec le rappel des mauvais traitements du passé.

Pour joindre le Programme de soutien en santé-résolution des questions des pensionnats autochtones, il faut composer le 1 866-925-4419.