Palmarès peu glorieux, Air Canada s’est classée lundi première compagnie aérienne au monde pour ses vols retardés

Retards, annulations de vols et pertes de bagages : les agents de voyage sont aux premières loges pour témoigner du chaos dans les aéroports de la planète depuis quelques semaines.

« Je ne sais pas si la pandémie était pire que ça, lance Chantal Tremblay, propriétaire de l’agence Voyages Nomades de Mirabel. Au moins, on avait nos vols, nos valises. Là, c’est juste incroyable. »

Chez Voyages Nomades, la folie a commencé il y a un peu plus de trois semaines, par l’annulation d’un groupe au complet par la compagnie aérienne britannique EasyJet. Puis, une douzaine de passagers d’un vol de Rome à Copenhague ont subi le même sort, raconte Chantal Tremblay. « Et on n’a pas de porte de sortie, parce que les gens veulent voyager quand même », soutient-elle.

Près de 11 % des vols à destination de Montréal ont été annulés dans les sept derniers jours, selon la compilation de données de DataWazo. Sans compter que 44 % de tous les vols ont été retardés. À l’aéroport Pearson de Toronto, c’est encore pire : 12 % des vols ont été annulés et 51 %, retardés.

Consultez les données de DataWazo (en anglais)

Les compagnies aériennes canadiennes Air Canada et Jazz Aviation se sont aussi maintenues en tête du classement mondial lundi pour le pourcentage de vols annulés, selon les données de FlightAware. Ce sont 63 % des vols d’Air Canada qui ont été retardés, et 54 % de ceux de Jazz Aviation.

Mais le chaos n’a rien de purement canadien. La directrice générale d’Air France a présenté lundi ses « profondes et sincères excuses » après des perturbations de vols ces derniers jours, attribuables notamment à une grève des salariés de l’aéroport de Roissy, où des milliers de bagages sont encore en souffrance. En Scandinavie, la compagnie aérienne SAS a annoncé mardi avoir demandé à se placer sous le régime des faillites aux États-Unis dans le cadre d’une restructuration en cours, pendant que son principal syndicat de pilotes commence une grève illimitée. Du côté du Royaume-Uni, le directeur de l’exploitation de la compagnie aérienne à bas prix EasyJet a présenté lundi sa démission.

Et les annonces d’annulation de vols pour l’été ont continué de défiler mardi : 657 vols pour Brussels Airlines, filiale de Lufhansa, et des centaines d’autres pour British Airways.

Juste au cours du long week-end dernier, 1400 vols ont été annulés aux États-Unis, selon le New York Times.

Saison difficile

L’inquiétude face au départ est palpable partout.

« C’est sûr que ça a un grand impact sur nous, reconnaît Chantal Barbeau, de Voyages Malavoy, à Montréal. Dès que les clients ont une correspondance, ou des bagages, ça les inquiète. »

C’est sans compter que les avions sont désormais complets, donc trouver un nouveau vol à la dernière minute relève parfois d’un exploit, soulignent les experts. Et les prix sont exorbitants.

« ​​Vendredi, on a eu un vol de retour de Vancouver vers Montréal qui a été annulé, dit Chantal Barbeau. Oui, [la compagnie aérienne] nous rembourse, mais elle nous dit : “Achète un autre billet.” Et les vols de dernière minute, c’est très cher ! »

Perdre un voyage de rêve

Encore faut-il être capable de trouver un nouveau vol. Marie-Ève Simoneau et Marc-André Boissonneault l’ont appris à leurs dépens mercredi dernier, jour où ils étaient censés s’envoler pour la Thaïlande avec leurs deux fils. Un voyage planifié en début de pandémie et remis depuis.

Après un premier retard de l’avion censé les amener de Montréal à Paris, ils ont réalisé qu’ils allaient manquer leur correspondance (Paris-Doha-Bangkok). Le couple avait choisi cet itinéraire parce que de nombreux vols desservent ces aéroports chaque jour.

L’employée d’Air Canada a regardé pendant au moins 45 minutes, elle a tout fouillé : toutes les combinaisons possibles de vols avec des escales. C’était plein partout.

Marie-Ève Simoneau

La famille est ressortie de l’aéroport bredouille, un voyage rêvé d’une valeur de près de 20 000 $ annulé, et des bagages perdus par-dessus le marché.

L’envie de partir toujours au rendez-vous

Malgré tout, les clients des agences de voyage sont au rendez-vous. « Les gens veulent partir, assure Chantal Barbeau. On réserve encore, nos téléphones n’arrêtent pas de sonner. »

Et une bonne partie d’entre eux réussissent à s’envoler sans problème, rappelle Robert Bérubé, fondateur et propriétaire de l’agence Les Routes du Monde. « ​​On a des familles entières qui sont parties, qui viennent d’arriver à destination, en Égypte ou au Kilimandjaro, affirme-t-il. Et pour qui ça a bien été. »

Avec La Presse Canadienne et l’Agence France-Presse

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  • 1 273 000
    Nombre de passeports canadiens délivrés entre le 1er avril 2021 et le 31 mars 2022
    Source : Passeport Canada
    456 000
    Nombre de passeports canadiens délivrés depuis le 1er avril 2022
    Source : Passeport Canada