(Montréal) Les lignes aériennes et les aéroports canadiens ont été parmi les plus touchés au monde par les retards pendant le long week-end de juillet, selon une firme spécialisée.

Air Canada s’est classée au premier rang pour les retards samedi et dimanche. Les deux tiers de ses vols, soit 717 au total, ont décollé en retard, selon le service de suivi FlightAware. Avec un taux de retards de 67 % dimanche, il se situait plus de 14 points de pourcentage au-dessus des trois transporteurs à égalité pour la deuxième place.

Jazz Aviation — une société établie à Halifax qui fournit un service régional pour Air Canada — et la ligne à bas prix Air Canada Rouge ont toutes deux vu 53 % de leurs vols retardés, les plaçant dimanche au deuxième rang aux côtés de la compagnie aérienne régionale grecque Olympic Air.

Le transporteur WestJet et sa filiale à bas prix Swoop se sont classés troisième et quatrième pour les retards samedi, avec 55 % de leurs vols en retard.

Du côté des installations, l’aéroport Pearson de Toronto a revendiqué la deuxième place dimanche, avec 53 % de départs retardés. Seul l’aéroport chinois de Guangzhou a fait pire. Pearson a enregistré plus de retards que l’aéroport Charles de Gaulle à Paris et l’aéroport de Francfort en Allemagne.

L’aéroport international Montréal-Trudeau s’est classé sixième dimanche avec 43 % de décollages retardés, à égalité avec l’aéroport Heathrow à Londres, selon les données de FlightAware.

Air Canada a annoncé la semaine dernière qu’elle supprimerait plus de 15 % de son horaire d’été, soit près de 10 000 vols en juillet et août, alors que le réseau aérien du pays s’affaisse sous une recrudescence écrasante des voyages.

Les aéroports remplis

Coincé entre deux jours fériés au Canada et aux États-Unis, le week-end a vu des scènes de longues files d’attente et de labyrinthes de bagages inonder les réseaux sociaux, alors que les aéroports du monde entier étaient aux prises avec le début de la haute saison des voyages après deux ans de demande refoulée.

Le flux de passagers dans les aéroports canadiens est déjà au niveau de 2019 pendant les heures de pointe, bien qu’il soit plus proche de 80 % du volume global d’avant la pandémie, selon des experts.

« Cela va être avec nous tout l’été », a prévenu Helane Becker, analyste des compagnies aériennes pour la société d’investissement Cowen.

« Presque toutes les compagnies aériennes ont encouragé leur personnel à prendre une retraite anticipée ou à prendre des congés. Et ces personnes qui ont pris une retraite anticipée ne veulent peut-être pas revenir au travail », a-t-elle observé.

« Il est difficile de reconstruire après ce creux. »

Certains pilotes n’ont pas encore vu leur licence renouvelée, tandis que les postes de personnel au sol et de manutention des bagages restent vacants — ou rapidement libérés — en raison des faibles salaires et des conditions de travail stressantes, selon les syndicats.

Selon le ministère fédéral des Transports, les agences gouvernementales ont fait une vague d’embauches pour la sécurité et les douanes des aéroports, avec plus de 900 nouveaux agents de contrôle de sécurité en place depuis avril — bien que tous n’aient pas l’autorisation de faire fonctionner les scanneurs.

Air Canada a embauché cette année plus de 2000 travailleurs dans les aéroports et plus de 750 dans les centres de service à la clientèle, pour un effectif dépassant les 32 000 employés, soit 93 % des niveaux de 2019.

« Les compagnies aériennes ont également utilisé la pandémie pour éliminer certains types d’avions de leur flotte, et pour immobiliser et retirer leurs plus anciens avions. Il est difficile de ramener ces avions une fois que vous les avez garés sans faire beaucoup de maintenance », a ajouté Mme Becker.

« Alors que la demande continue d’augmenter, nous examinons essentiellement une incapacité pour les compagnies aériennes à y répondre facilement. Et je pense que c’est le cas dans le monde entier. »

Dans une note de service obtenue par La Presse Canadienne, le chef de la direction d’Air Canada, Michael Rousseau, avait prévenu mercredi soir son personnel que « cette fin de semaine de la fête du Canada sera difficile ».

La rationalisation des horaires ne permettra probablement pas à la compagnie aérienne « de constater tous les avantages avant la fin juillet », avait-il ajouté.

Dans un courriel aux passagers le même soir, M. Rousseau s’est excusé pour les annulations et les « défauts de service à la clientèle », mais a également déclaré que la réduction des vols découlait de tensions sur le « système aéronautique mondial », qu’il qualifiait de « sans précédent et imprévues ».

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le chef de la direction d’Air Canada, Michael Rousseau

Une tendance depuis le début de l’année

La présence du Canada en haut des listes de statistiques sur les retards suit une tendance qui a cours depuis six mois.

Depuis janvier, les deux plus grandes compagnies aériennes du Canada ou leurs sociétés affiliées ont constitué cinq des sept principales compagnies aériennes pour la proportion de vols en retard, selon FlightAware.

Swoop, de WestJet, se classe au 2e rang avec 50 % et Air Canada est au 7e rang avec 43 %. Les filiales régionales WestJet Encore, Air Canada Rouge et Jazz Aviation se situent entre les deux.

Les foules croissantes dans les zones des arrivées internationales a incité le chef des pompiers de l’Autorité aéroportuaire du Grand Toronto à émettre une directive avertissant d’un « danger » potentiel causé par des sorties obstruées et de « préoccupations pour la sécurité des personnes ».

« La congestion des passagers au niveau de transfert d’arrivée des terminaux 1 et 3 continue de dépasser les niveaux acceptables à certains moments, ce qui est dû en partie au fait que certains transporteurs aériens ne suivent pas la procédure d’attente en vigueur dans le but de maintenir la sécurité dans les immeubles du terminal », a prévenu Todd Aitken dans une ordonnance datée du 23 juin et obtenue par La Presse Canadienne.