(Ottawa) La participation d’une haute fonctionnaire à une fête à l’ambassade de Russie à Ottawa est une erreur, a tranché lundi la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.

« Premièrement, ça n’aurait jamais dû arriver. Deuxièmement, ça n’arrivera plus », a-t-elle déclaré lors d’une mêlée de presse dans le foyer de la Chambre des communes, en réaction à ces révélations rapportées par le Globe and Mail.

Mme Joly a plaidé que l’intention du gouvernement est « claire depuis le début, c’est-à-dire de suffoquer le régime Poutine ».

Y a-t-il une valeur à maintenir un dialogue avec la Russie, s’est fait demander la ministre.

« Il y a une valeur à avoir une ambassadrice à Moscou, a-t-elle répondu. Et c’est pourquoi j’ai rencontré ce matin notre ambassadrice à Moscou pour comprendre exactement ce qui se passe sur le terrain, comprendre c’est quoi la réaction du peuple russe. »

Pour l’opposition officielle, « c’est déplorable » qu’un responsable d’Affaires mondiales Canada ait autorisé la présence de la haute fonctionnaire à la réception et la ministre Joly devrait être imputable.

« Non seulement elle aurait dû savoir, elle aurait dû et elle doit prendre l’entière responsabilité de cette haute fonctionnaire à l’ambassade de la Russie », a tranché le chef adjoint des conservateurs, Luc Berthold.

Les actions de la Russie en Ukraine privent « des dizaines de pays des grains nécessaires pour leur survie, […] va créer une grave crise dans le monde, […] fait une guerre qui a tué des centaines de civils, des milliers de civils en Ukraine », a-t-il noté.

« Totalement inacceptable »

La présence de la fonctionnaire à la fête est dans les circonstances « totalement inacceptable » et « complètement déplacée », a déclaré le député du Bloc québécois René Villemure.

« C’est une question de jugement à un moment donné, a-t-il expliqué. Mais quand l’appareil comme tel n’émet pas ce genre de jugement-là en général, il peut arriver des choses comme ça. »

Bien qu’il reconnaisse que les ministres ne sont pas au courant « de tout », M. Villemure a dit croire qu’« il y a une responsabilité ministérielle là-dedans simplement parce que l’exemple n’a pas été donné ».

À son entrée au parlement, le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique, Alexandre Boulerice, a mentionné que le fait que le Canada n’ait pas rompu ses liens diplomatiques avec la Russie ne justifie pas pour autant une telle présence à des festivités.

« Le dialogue est encore là, a-t-il dit. Est-ce que c’était nécessaire d’aller participer à une fête ? Je pense que c’est assez insensible dans la situation actuelle, quand on regarde le sort des Ukrainiens et des Ukrainiennes. »

Encore vendredi, Affaires mondiales Canada répétait qu’il condamne « l’invasion non provoquée par la Russie de son voisin souverain et démocratique, en violation du droit international ».