(Ottawa) Le discours en anglais du président-directeur général d’Air Canada, Michael Rousseau, et la nomination d’une gouverneure générale incapable de s’exprimer en français ont créé un « raz de marée » de plaintes, note le commissaire aux langues officielles dans son rapport annuel.

« Le message vient d’en haut, l’exemple vient d’en haut », a noté Raymond Théberge en conférence de presse mardi.

Le commissaire aux langues officielles a reçu un nombre record de 5409 plaintes jugées recevables en 2021-2022. C’est une augmentation de 189 % par rapport à l’année précédente. Le discours presque uniquement en anglais du patron d’Air Canada devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, en novembre, en a généré 2680, contre 1346 sur la nomination de Mary Simon au poste de gouverneure générale.

Les plaintes sur l’absence de francophones au conseil d’administration du Canadien National (CN) n’ont pas encore été étudiées. Elles figureront dans le prochain rapport annuel.

M. Théberge estime que la connaissance du français et de l’anglais doit être un critère d’embauche pour les postes de haute gestion dans la fonction publique fédérale et les nominations du gouverneur en conseil. Les parlementaires devraient songer, selon lui, à ajouter une disposition dans le projet de loi C-13 sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles pour que ce soit bien le cas.

« Si on fait des exceptions, le message qu’on donne, c’est qu’il y a une langue qui est plus importante que l’autre », a-t-il constaté.

Le commissaire recommande également que les institutions fédérales soient bien informées de leurs obligations en matière de promotion du français et de l’anglais.

« En tout respect pour le commissaire, j’ai des doutes sur la transposition de ses recommandations en intervention à caractère réglementaire et législatif réel », a réagi le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, n’a pas voulu indiquer si elle était ouverte à ces ajouts. « C’est sûr qu’il va y avoir des propositions, des amendements qui vont être amenés de l’avant », s’est-elle contenté de dire.

Le projet de loi C-13 accorde davantage de pouvoirs au commissaire aux langues officielles pour faire appliquer la loi. Présentement, il doit se contenter de faire des recommandations, qui sont souvent ignorées. C-13 lui donnerait le pouvoir de conclure des accords de conformité avec les institutions fautives pour les forcer à respecter la loi et d’imposer des sanctions pécuniaires.

La Fédération des communautés francophones et acadienne espère une adoption rapide de ce projet de loi pour que cesse les « les entorses au français ».

À Québec, le ministre de la Langue française, Simon Jolin-Barrette a accusé Ottawa de « faire reculer le droit des Québécois de travailler en français » et l’a invité à revoir C-13 pour que le français devienne la langue de travail dans les entreprises de compétence fédérale.