(Ottawa) Le prochain président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) sera bilingue, a assuré le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, même si l’offre d’emploi précise que la maîtrise des deux langues officielles serait « préférable ».

« Il va être bilingue. Croyez-moi qu’il va être bilingue », a lancé mardi M. Rodriguez à son entrée à la réunion du conseil des ministres. Il a cependant refusé de dire comment il s’y prendra pour respecter son engagement.

La nomination du président du CRTC est faite à la suite d’un processus au cours duquel le ministre du Patrimoine canadien fait une recommandation au cabinet.

Selon le ministre, le fait que l’affichage du poste ne requiert actuellement pas le bilinguisme est tout simplement « inacceptable ».

La production télévisuelle qu’on a au Québec, c’est extraordinaire. Ce qui se fait au Canada anglais, aussi, c’est extraordinaire. C’est souvent différent. Ça prend une personne qui est capable de comprendre pas juste la langue, mais aussi les nuances dans tout ça.

Pablo Rodriguez, ministre du Patrimoine canadien

Le tribunal administratif a annoncé à la mi-mai que le mandat de son président, Ian Scott, un anglophone, prendra fin en septembre. Le salaire annuel du successeur de M. Scott peut atteindre 328 100 $.

Quant à la tradition voulant que les présidents du CRTC soient en alternance des francophones et des anglophones, le ministre Rodriguez a indiqué que cela l’« importe peu ».

« Qu’une personne soit anglophone et qu’il apprenne, parle le français ou qu’il soit francophone et parle l’anglais, je n’ai pas de problème », a-t-il dit. Ce qui est plutôt « fondamental » est qu’il parle français, et ce, dès son embauche.

Le gouvernement affiche clairement sa volonté de favoriser des candidats issus de groupes sous-représentés. La section « Diversité et Langues officielles » de l’offre d’emploi mentionne qu’une préférence pourrait être accordée aux femmes, Autochtones, personnes handicapées et minorités visibles.

« C’est comme l’amour »

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a salué le « progrès » dans la réflexion du gouvernement.

« On n’a pas eu autant de mansuétude du côté de M. Rodriguez et de M. Trudeau quant à la nomination de la lieutenante-gouverneure au Nouveau-Brunswick ou de la gouverneure générale du Canada. Alors, saluons le progrès, aussi humble fût-il », a-t-il dit peu avant la période des questions.

Dans le contexte, il est disposé à « s’astreindre à l’idée » que la tradition d’une alternance entre francophone et anglophone ne soit pas respectée.

Selon M. Blanchet, la nomination d’un président du CRTC qui ne maîtrise pas le français représenterait « un recul grave » vu l’importance de l’institution dans la préservation de la langue au Québec et dans le reste du pays.

À la veille de la comparution devant le comité permanent des langues officielles de Tracy Robinson, la grande patronne unilingue du Canadien National – qui a été récemment la cible de critiques pour l’absence d’administrateurs parlant français –, le chef bloquiste a dit ne pas croire en la sincérité de l’appétit du gouvernement Trudeau à protéger le français.

« L’appétit, c’est comme l’amour : je pense qu’il faut que ce soit sincère, a déclaré M. Blanchet. J’ai l’impression que c’est davantage la pression des francophones de l’ensemble du territoire canadien qui les oblige à exprimer, au défaut de ressentir, une préoccupation pour le français. »