(Ottawa) Les militaires canadiens n’ont pas le droit d’entrer en Ukraine à moins que leur présence dans ce pays ne soit spécifiquement approuvée par le chef d’état-major de la défense, le général Wayne Eyre.

Des milliers de volontaires étrangers, dont de nombreux Canadiens, ont répondu à l’appel du gouvernement ukrainien pour aller combattre l’invasion russe.

Or, la lieutenante-générale Frances Allen, vice-chef d’état-major de la Défense, a déclaré mercredi devant le Comité permanent de la défense des Communes que les membres à temps plein des Forces armées canadiennes (FAC), ainsi que les réservistes à temps partiel, ne sont pas autorisés à se porter volontaires pour aller combattre en Ukraine.

Cet ordre, qui vient du général Wayne Eyre, s’applique également aux militaires qui sont actuellement en permission ou en congé.

« Donc, pour les membres actuels des FAC, ils ne sont pas autorisés à être dans la région, même s’ils devaient être en congé », a déclaré Mme Allen au comité aux côtés de la ministre de la Défense, Anita Anand.

La seule exception, a-t-elle précisé, est si leur présence en Ukraine est spécifiquement approuvée par le général Eyre. Elle n’a pas spécifié si des troupes canadiennes sont actuellement en Ukraine.

Le Canada avait actuellement 250 instructeurs militaires en Ukraine, mais le gouvernement fédéral a mentionné qu’ils avaient été retirés en Pologne peu de temps avant l’invasion russe.

Le gouvernement a déclaré que ces troupes avaient été réaffectées pour appuyer l’aide humanitaire, mais la ministre Anand n’a pas donné de mise à jour au comité, citant la sécurité opérationnelle.

Le mois dernier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé à la création d’une « brigade internationale » pour aider à repousser l’invasion russe qui a commencé le 24 février.

Des milliers d’étrangers ont depuis répondu à cet appel aux armes, dont de nombreux Canadiens, malgré les avertissements du gouvernement fédéral contre tout voyage dans le pays.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et Mme Anand n’ont pas répondu directement lorsqu’on leur a demandé quel soutien serait offert à des Canadiens éventuellement capturés en Ukraine. Elles ont plutôt voulu dissuader les Canadiens à se porter volontaires pour aller combattre dans ce pays.

La Russie aurait menacé de poursuites pénales tout étranger capturé en train de combattre en Ukraine.

Mme Allen s’est par ailleurs dite préoccupée par le fait que Moscou pourrait essayer d’utiliser à des fins de propagande des Canadiens capturés par les forces russes.

« Affaires mondiales a identifié pour les Canadiens les risques associés à l’entrée dans une zone de conflit à un moment donné, non seulement pour leur propre sécurité et leur protection physique, mais aussi pour la désinformation », a-t-elle déclaré.

« Les étrangers qui peuvent être engagés dans le pays peuvent être utilisés de manière difficile et contre-productive pour le travail qui s’y déroule à travers les campagnes de désinformation dont nous savons que la Russie est très susceptible d’utiliser. »

Certains experts ont également soulevé des questions sur la légalité des Canadiens qui combattent dans une guerre d’un autre pays, ainsi que sur les problèmes de sécurité potentiels étant donné la présence de groupes paramilitaires d’extrême droite en Ukraine.

La guerre en Ukraine sera au cœur d’une réunion spéciale des dirigeants de l’OTAN à Bruxelles jeudi, à laquelle participera le premier ministre Justin Trudeau.

Le gouvernement continue de chercher des moyens de soutenir l’Ukraine, y compris la possibilité d’acheter plus d’armes pour son armée, a indiqué la ministre Anand au comité.

« Nous faisons tout ce que nous pouvons pour aider les soldats ukrainiens en ce moment, notamment en explorant la possibilité d’approvisionnement auprès de fournisseurs tiers, ainsi qu’en assurant la liaison avec nos partenaires internationaux pour contribuer aux efforts de soutien des soldats ukrainiens de manière bilatérale », a-t-elle détaillé.