Les 19 et 23 février, sur son compte Twitter, le ministre ukrainien de la Défense, Oleksii Reznikov, a annoncé, photos à l’appui, l’arrivée en Ukraine d’avions des Forces armées canadiennes remplis de marchandises militaires comprenant fusils, mitraillettes avec viseurs optiques, équipements de surveillance et autres.

Son tweet, émaillé d’émoticônes, remerciait le Canada pour cette décision « importante et opportune ». M. Reznikov remerciait dans la foulée son homologue Anita Anand, ministre canadienne de la Défense nationale.

Consultez le tweet d’Oleksii Reznikov remerciant le Canada

Dans d’autres tweets, le ministre Reznikov a aussi mis en ligne des photos et des bouts de films d’armes arrivant des États-Unis et d’autres pays de l’OTAN. Puis, tout s’est arrêté le 23 février, à la veille du déclenchement de la guerre par la Russie et la fermeture des aéroports ukrainiens aux avions des pays amis.

Depuis le 24 février, le ministre poursuit ses interventions sur Twitter, mais il n’a plus jamais été question de livraison d’armes, observe The Washington Post dans un long article consacré au secret bien gardé entourant l’expédition d’armes par l’OTAN en Ukraine et dans les pays limitrophes.

« Il est nécessaire pour nous de dire ce que nous faisons. Mais nous n’allons pas nécessairement vous dire quand, où et comment », a déclaré le ministre britannique de la Défense, James Heappey, dans cet article.

Ce principe de silence radio justifié par la sacro-sainte « sécurité opérationelle » s’applique aussi aux Forces armées canadiennes qui, depuis le début de février 2022, ont envoyé de l’équipement militaire, létal et non létal, d’une valeur de 67,5 millions à l’Ukraine.

Secret bien gardé

La Presse a demandé aux Forces armées canadiennes (FAC) comment on pouvait vérifier que l’aide promise s’était bien rendue à destination depuis le début de l’invasion.

« Les dons [de matériel militaire] sont fournis exclusivement au ministère de la Défense de l’Ukraine et aux Forces armées ukrainiennes, nous a-t-on précisé. Ces dons sont contrôlés par des certificats de l’utilisateur final fournis par le ministère de la Défense de l’Ukraine. »

Le processus est fondé sur les exigences du Traité sur le commerce des armes des Nations unies, dont le Canada est l’un des signataires, poursuivent les FAC dans leur réponse. En gros, le pays bénéficiaire des armes signe une déclaration dans laquelle est consignée la marchandise et les technologies exportées, à quelle fin elles seront utilisées, les restrictions imposées et le destinataire.

À noter que ces envois sont aussi régis par l’International Traffic in Arms Regulations, une série de règlements américains qui exigent l’accord des États-Unis avant qu’un pays acheteur remette des armes fabriquées chez eux à des pays tiers.

Cela dit, la remise des armes s’accompagne-t-elle d’une quelconque formation ? « Non. L’armée ukrainienne possède l’expertise nécessaire pour utiliser cet équipement », nous a-t-on répondu.

On comprend que l’équipement est maintenant expédié dans des pays limitrophes de l’Ukraine avant d’entrer dans ce pays. Est-ce que des représentants des FAC « accompagnent » les boîtes de matériel jusqu’à leur destination finale ? « Nous ne pouvons préciser quand, où et comment l’équipement est livré », répond-on.

Chose certaine, une fois l’équipement remis et toute la paperasse signée, le matériel fait partie des stocks du gouvernement de l’Ukraine.

La livraison de matériel de pays de l’OTAN agace visiblement Vladimir Poutine et l’armée russe. Ainsi, lorsque la Russie a bombardé, le 13 mars, une base militaire ukrainienne située près de la Pologne, le ministère russe de la Défense a déclaré que 180 mercenaires étrangers avaient été tués et qu’une « grande quantité d’armes étrangères » avait été détruite.