(Montréal) Un comité des Nations unies a demandé jeudi au Canada de s’attaquer « pleinement » à la discrimination fondée sur le sexe dans sa Loi sur les Indiens qui continue d’affecter des dizaines de milliers de descendants de femmes autochtones.

Les relations entre l’État canadien et les peuples autochtones, dits « Premières nations », sont définies par la Loi sur les Indiens, un texte de 1876 qui a notamment créé des centaines de réserves dans le pays.

Avant 1985, la loi « contenait des dispositions explicitement discriminatoires à l’égard des femmes autochtones qui les privaient de leur statut si elles épousaient des hommes non-autochtones », a expliqué le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (Cedaw), organe composé d’experts indépendants.

Or il faut être considéré comme autochtone pour avoir le droit à certains services et aides, mais aussi pour avoir la possibilité d’habiter sur les territoires autochtones, et le droit de chasser et de pêcher sur les terres traditionnelles.

« Malgré de nombreuses contestations judiciaires, le Canada n’a modifié les dispositions discriminatoires qu’au coup par coup plutôt que de mettre fin complètement à la discrimination », a indiqué le Cedaw.

« Tout le problème découle du non-respect du droit fondamental des peuples autochtones à l’auto-identification », a déclaré Corinne Dettmeijer, membre du comité.

Au Canada, la Loi sur les Indiens est sévèrement critiquée par certains autochtones qui la considèrent comme désuète et raciste, et souhaitent son abolition.

Les discriminations subies par les autochtones sont au cœur d’un grand débat au sein de la société canadienne notamment depuis la découverte, en mai, de centaines de tombes sur le site d’un ancien pensionnat réservé aux autochtones.  

Depuis mai, quelque 1500 tombes d’enfants anonymes ont été retrouvées sur les sites de ces écoles, et de nombreuses recherches sont en cours dans tout le pays – entre 4000 et 6000 élèves auraient disparu, selon les autorités.

Entre la fin du XIXe siècle et les années 1980, quelque 150 000 enfants autochtones ont été enrôlés de force dans plus de 130 pensionnats à travers le pays où ils ont été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture.

Une commission d’enquête nationale avait qualifié en 2015 ce système de « génocide culturel ».