(Vancouver) Après les fortes chaleurs de l’été dernier et les inondations automnales, les fermiers de la Colombie-Britannique sont confrontés à un autre adversaire redoutable : les froids extrêmes.

La température est descendue jusqu’à -16 ℃ dans la vallée du Fraser, une région plutôt connue pour son climat tempéré. Les tuyaux ou les systèmes de gestion de fumier de nombreuses fermes ont gelé, les équipements se sont brisés. Les agriculteurs ne pouvaient plus compter sur leur main-d’œuvre.

« Dans quel chapitre de l’Apocalypse jouons-nous aujourd’hui ? », lance un fermier, Richard Bosna.

M. Bosna ne veut pas passer pour un plaignard, faisant remarquer que les fermiers ne sont pas les seuls à être touchés par le froid.

« On doit se serrer les poings pour s’assurer de faire chaque jour le travail de base », ajoute-t-il.

Environnement Canada avait lancé à la mi-décembre une alerte pour prévenir d’une vague de froid extrême dans le sud de la Colombie-Britannique qui se poursuivrait jusqu’en début d’année. Et les fermiers risquent de tomber de Charybde en Scylla, car une autre tempête de neige pointe à l’horizon.

Le premier ministre de la province, John Horgan, a reconnu que l’année « a été exceptionnellement difficile » dans ses vœux du Nouvel An.

« Pour plusieurs, l’année 2021 sera l’année où les changements climatiques ont frappé à la porte. En Colombie-Britannique, nous avons fait face à des sécheresses record, des vagues de chaleur, des incendies de forêt, des inondations et des glissements de terrain », a-t-il raconté.

PHOTO JENNIFER GAUTHIER, ARCHIVES REUTERS

Les inondations avaient durement touché les fermiers et leurs animaux, comme le démontre cette photo de novembre dernier.

Selon le président du Conseil de l’agriculture de la Colombie-Britannique, Stan Vander Waal, le froid récent n’a pas touché les fermes de façon égale, tout dépendant des systèmes d’isolation ou si le bétail vit à l’étable ou à l’extérieur. Il a toutefois rappelé que le froid était un facteur d’accroissement des dépenses pour le chauffage et l’alimentation des bêtes.

Les fermes endommagées par les inondations à Abbotsford pourraient pâtir du froid à cause de la moisissure dans les structures, ajoute-t-il.

M. Vander Wall prévoit qu’un grand nombre de fermiers envisageront de renforcer leur protection contre les changements climatiques.

« Quand on passe l’année en revue, on constate qu’on a vécu des extrêmes comme personne ne se souvient d’avoir déjà traversé, dit-il. Quand on a vécu cela une ou deux fois, on commence à élaborer une stratégie. »

La ferme de Gagan Khakh, agriculteur de la troisième génération, a vu ses installations à Abbotsford lourdement endommagées par les inondations. Il se considérait comme chanceux de pouvoir compter sur d’autres champs à Chilliwack pour faire pousser des choux de Bruxelles, mais l’arrivée du grand froid a mis fin à tout cela.

« C’est navrant ! On a été pénalisés deux fois », lance M. Khakh. Selon lui, si la population veut vraiment soutenir les fermiers de la province, elle peut acheter des produits locaux lorsque cela est possible.

Il espère que 2022 sera une année plus calme.

« On espère une année où les choses reviendront à la normale, une année où il pleuvra normalement, où il ne fera pas trop froid trop rapidement. »