(Ottawa) Le gouvernement fédéral a discrètement révélé qu’il s’attendait à payer près d’un milliard de dollars pour construire un nouveau navire de recherche pour la Garde côtière canadienne.

Cette estimation est près de 10 fois supérieure à ce que le navire était censé coûter à l’origine du projet, il y a plus de 10 ans. Elle est également trois fois supérieure à celle réalisée il y a trois ans.

Ottawa a attribué à Seaspan Shipyards, basé à Vancouver, un contrat pour la construction du navire.

Le porte-parole de la Garde côtière, Barre Campbell, mentionne que les responsables savaient à l’époque que l’agence aurait besoin de plus d’argent.

« Au fur et à mesure que le projet progressait et se rapprochait de la construction, le coût estimé du projet a été mis à jour pour refléter la valeur des contrats négociés et les coûts réels encourus, et a été examiné indépendamment par des tiers experts », a-t-il expliqué par courriel.

En plus des dépassements de coûts, le projet a souffert de retards. Le navire devait être livré en 2017-2018, mais des problèmes de conception et techniques ont repoussé cette date au moins jusqu’en 2024.

Entre-temps, Ottawa a été forcé d’investir plus d’argent dans le navire Hudson pour s’assurer que la Garde côtière dispose d’un bateau de recherche océanique.

Une porte-parole de Seaspan, qui a récemment terminé la construction de trois navires de sciences halieutiques pour la Garde côtière et qui travaille actuellement sur le premier des deux nouveaux navires de soutien pour la marine, a référé au gouvernement pour toutes questions en lien avec la montée en flèche des coûts du bateau océanographique.

Ces révélations surviennent à quelques jours de la publication de deux rapports très attendus sur les efforts du gouvernement fédéral pour construire de nouveaux navires pour la Marine canadienne et la Garde côtière.

Le directeur parlementaire du budget (DPB) présentera mercredi un rapport au sujet du prix que le Canada doit s’attendre à payer pour la construction de 15 nouveaux navires de guerre pour la Marine.

Ces derniers remplaceront les 12 frégates canadiennes de classe Halifax et trois destroyers déjà retirés. Ils serviront d’épine dorsale à la Marine pendant la majeure partie du siècle à venir.

Le gouvernement libéral fédéral a prévu un budget de 60 milliards pour l’ensemble du programme, mais de nombreux observateurs estiment que les prévisions du DPB dépasseront de beaucoup cette somme.

De son côté, la vérificatrice générale fédérale présentera jeudi sa propre évaluation de l’ensemble de la stratégie fédérale de construction navale, qui a été en proie à des retards et des dépassements de coûts massifs depuis son lancement il y a plus de dix ans.

L’une des conclusions attendues est que de nombreux navires prévus au plan de remplacement étaient déjà en fin de vie lorsque la stratégie a été lancée avec la sélection des entreprises Seaspan et Irving Shipyards.