(Princeton, Colombie-Britannique) Mario Loutef manque de sommeil depuis plusieurs jours. Samedi, il a empilé ses biens dans la rue devant sa maison de Princeton, en Colombie-Britannique.

Une vaste section du centre-ville de la municipalité située à deux heures au sud de Kamloops a été décimée lorsque la rivière Tulameen est sortie de son lit, inondant les maisons et forçant les gens à évacuer.

La collectivité est toujours sous le coup d’une alerte d’évacuation, mais pour beaucoup, comme M. Loutef, les dégâts ne pourraient pas s’aggraver.

« Ça a tourné le coin et puis c’était comme un tsunami parce que ça a rempli les petites rues jusqu’à arriver ici. Mais une fois qu’elles ont été inondées, c’est à ce moment-là que l’eau a envahi mon espace et tous les autres sur la route », a-t-il raconté à La Presse Canadienne.

PHOTO JEFF MCINTOSH, PRINCETON

Mario Loutef

Une fine couche de boue noire a recouvert tout le rez-de-chaussée de la maison. M. Loutef a travaillé 24 heures sur 24 depuis qu’il a été autorisé à y accéder. Des planches ont été arrachées des murs, une ligne de saleté à environ deux mètres de hauteur sur le mur témoigne du niveau atteint par l’eau.

« J’ai tout perdu. Nous avons tout perdu, ma femme et moi. Je ne sais pas par où commencer. Je ne sais pas où ça va finir », a déclaré M. Loutef qui vit dans cette maison depuis quatre ans.

« J’essaie de sauver mes outils, qui sont mon pain et mon beurre, car si je ne les ai pas, je ne peux pas générer de revenus. Je suis à peu près dans la boue… le jeu de mots est voulu. »

Les rues du quartier sont fermées à la circulation. Des camions-vidangeurs tentent d’évacuer l’eau stagnante de certains sous-sols. Les rues et les trottoirs sont couverts de boue.

« C’est comme une bataille d’un seul homme », a dit M. Loutef, qui travaillait seul.

« Je me souviens que ma femme disait : “ N’oublie pas d’enlever tes chaussures ”, alors je vais devoir lui montrer. Elle ne voulait pas venir ici parce qu’elle est sous le choc. Elle m’a dit de ne pas fumer dans la maison aussi », a-t-il dit en jetant un mégot de cigarette sur le sol.

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Mario Loutef fume une cigarette dans sa cuisine.

Des tas de débris peuvent être observés partout, mais Lisa Brosseau et son mari Brian Quinn ont fait venir des amis pour les aider.

Mme Brosseau a affirmé que malgré l’inondation de leur sous-sol, elle se trouvait chanceuse parce qu’un ancien propriétaire avait surélevé la maison après une inondation il y a 35 ans.

« Nous avions une nouvelle suite Airbnb et c’est parti, mais le reste de notre maison est bien. Elle n’est jamais arrivée à l’étage. Nous avons notre maison. Ce n’est pas le cas de beaucoup de gens ici et c’est vraiment difficile », a confié Mme Brosseau.

M. Quinn a indiqué où l’eau est entrée dans le sous-sol.

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Brian Quinn (à gauche) a reçu l’aide de son ami Lloyd Allen pour sortir des débris de sa maison.

« Vous pouvez voir qu’elle est descendue par la porte arrière et a ouvert la porte et a déchiré le cadre de la porte, et à l’intérieur, elle a tourbillonné comme une sorte de vortex, et tout a été enveloppé et détruit », a raconté M. Quinn en pointant le sous-sol.

La puissance de l’eau est incroyable.

Brian Quinn, résidant de Princeton

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Brian Quinn empile des biens abimés par l’eau.

Mme Brosseau a dit qu’elle craignait qu’une inondation se produise malgré les efforts d’ensachage et que c’est ce qu’elle a vu se produire.

« Nous étions juste en bas de la rue et il y a eu un boom et un pop et la rivière est sortie de son lit », a-t-elle déclaré.

De nombreux habitants de Princeton allaient de maison en maison offrant un coup de main à leurs voisins.

« Notre ville est incroyable », a témoigné Britanny Antonick.

« C’est dévastateur, a-t-elle convenu. C’est encore un choc pour le moment. Tous les sous-sols sont complètement remplis d’eau. Nous essayons juste de faire de notre mieux. »