(Ottawa) Les refuges à Kaboul ayant permis d’assurer la protection de plus de 1700 interprètes afghans et de leurs familles doivent fermer vendredi en raison d’un manque de financement, affirment des groupes qui tentent de les aider.

Les groupes d’anciens combattants ont déjà recueilli environ deux millions de dollars de dons privés, mais ont déclaré qu’ils auraient besoin de cinq millions de dollars supplémentaires pour maintenir les refuges ouverts après vendredi.

Les occupants de ces refuges devront trouver d’autres endroits pour rester dans la capitale afghane et ont élaboré des plans d’urgence, a déclaré le général de division à la retraite Denis Thompson, membre d’un réseau local d’anciens combattants, de défenseurs des réfugiés et d’autres bénévoles travaillant pour aider les anciens interprètes.

M. Thompson a affirmé qu’il espérait que les interprètes et leurs familles puissent encore être aidés un jour à fuir le pays. Il a déclaré que l’option d’un refuge n’a jamais été censée être une proposition à long terme.

Il a dit croire que la campagne fédérale estivale au Canada, qui a plongé la fonction publique fédérale dans le soi-disant mode de « gardiennage », a signifié qu’aucune décision politique concrète n’a pu être prise par les fonctionnaires pour aider les Afghans. En fin de compte, cela a entraîné des coûts élevés pour les refuges.

« Il est beaucoup moins cher de réinstaller les gens que de payer pour des refuges », a fait valoir M. Thompson.

« Nous parlons de millions de dollars, même pas de dizaines de millions de dollars, pour achever toute cette réinstallation. C’est un pays du G7 ; ce ne sont pas des sommes énormes », a-t-il ajouté.

D’autres vétérans ont déploré que la fermeture des refuges risque de laisser les occupants à la merci des nouveaux dirigeants talibans, qui sont revenus au pouvoir cet été.

Le capitaine à la retraite Corey Shelson a déclaré que le ministère fédéral de l’Immigration avait été trop lent à approuver les demandes et les documents de voyage pour les interprètes afghans.

« Il va y avoir 1700 personnes qui quitteront les lieux… et beaucoup d’entre elles vont probablement mourir. Je ne sais pas comment le dire autrement », a déclaré M. Shelson.

« Je peux vous dire que les 1700 personnes qui vivent actuellement dans les refuges vont se retrouver dans la rue demain en raison d’inefficacités bureaucratiques au sein du gouvernement canadien », a-t-il soutenu.

Le gouvernement fédéral n’a pas financé directement les refuges, qui étaient considérés comme une mesure temporaire pour aider à déplacer les Afghans vulnérables hors du pays.

La réaction des talibans

M. Thompson a déclaré qu’il espérait que les talibans ne prendraient pas de mesures draconiennes contre les occupants des refuges alors que les nouveaux dirigeants recherchent la reconnaissance internationale en tant que nouveau gouvernement afghan et l’aide humanitaire internationale pour lutter contre la faim.

« Il est difficile de dire comment les talibans réagiraient. Notre évaluation est qu’ils ont été prudents. »

Certains des occupants des refuges ne peuvent pas retourner à Kandahar parce que les talibans ont pris possession de leurs maisons, tandis que d’autres ont reçu des menaces de mort par téléphone, a déclaré M. Thompson.

Plus tôt jeudi, les conservateurs ont demandé au gouvernement libéral d’accorder un financement urgent aux groupes qui se sont réunis pour faire fonctionner les refuges.

Le député conservateur James Bezan a déclaré que le gouvernement Trudeau avait été absent et qu’il devait intervenir et combler le vide du financement.