(Ottawa) Le Canada et ses partenaires internationaux doivent en faire bien plus pour soutenir les pays voisins de l’Afghanistan s’ils veulent aider les Afghans vulnérables à fuir leur pays maintenant contrôlé par les talibans, estime une responsable des Nations unies.

Kelly Clements, haut-commissaire adjointe des Nations unies pour les réfugiés, a déclaré à La Presse Canadienne cette semaine que l’Iran et le Pakistan manquaient de fonds pour faire face à l’afflux d’Afghans qui ont tenté de fuir le pays depuis que les talibans ont repris le pouvoir, à la mi-août.

De nombreux anciens interprètes et leur famille font face à des représailles de la part des talibans en raison de leur soutien à la mission militaire de l’OTAN, à laquelle le Canada, les États-Unis et de nombreux autres pays ont participé depuis vingt ans.

D’autres Afghans vulnérables, les femmes en particulier, font face à un sombre avenir en régime taliban et espèrent fuir ce pays. En attendant de pouvoir fuir, ces Afghans menacés se terrent dans des « refuges sûrs » dans leur pays.

Le Canada a accepté de réinstaller jusqu’à 40 000 Afghans, mais en attendant, des organisations non gouvernementales affirment que les fonds se tarissent pour maintenir ces « refuges sûrs » en Afghanistan, ce qui pourrait mettre en péril jusqu’à 1700 personnes.

Mme Clements n’a fait aucun commentaire sur ces refuges, mais elle admet que l’engagement du Canada à réinstaller des Afghans offre un exemple solide à l’échelle internationale. Elle croit toutefois qu’il faudrait en faire beaucoup plus pour renforcer la capacité de l’Iran et du Pakistan voisins à accueillir ceux qui parviennent à échapper aux talibans.

« Les frontières ont été exceptionnellement étanches », a déclaré Mme Clements.

Soutenir l’Iran et le Pakistan

Même avant la prise de contrôle des talibans, le Pakistan ne disposait que de la moitié des fonds nécessaires pour soutenir les réfugiés, tandis que l’Iran n’en avait reçu qu’un quart, a-t-elle déclaré. « Ils ont vraiment l’impression que la communauté internationale ne les a pas suffisamment soutenus. »

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) travaille très fort pour aider les personnes déplacées en Afghanistan, alors qu’un nombre record de gens ont fui les campagnes pour les villes lors de la progression des talibans vers la victoire l’été dernier.

Cet exode a créé une crise alimentaire sans précédent. D’autres agences de l’ONU ont prédit plus tôt cette semaine que plus de la moitié de la population afghane – plus de 22 millions de personnes – serait confrontée à une famine extrême dans les mois à venir.

« Il peut y avoir toutes sortes de raisons pour lesquelles les gens doivent partir. Mais nous essayons de les aider là où ils se trouvent », a déclaré Mme Clements. « Nous sommes présents dans chaque province [afghane] et dans les deux tiers des districts, et nous avons un certain nombre de partenaires avec lesquels nous travaillons. »

Malgré la prise de contrôle des talibans, le HCR a pu maintenir un accès aux populations vulnérables, a-t-elle déclaré. « Nous bénéficions depuis longtemps d’un soutien aux niveaux opérationnel et local dans les zones traditionnellement contrôlées par les talibans. Cet engagement n’est donc pas nouveau. »

Ceux qui peuvent s’enfuir sont confrontés à des postes frontaliers étroitement contrôlés, où des documents, des visas, des passeports et d’autres documents de voyage sont nécessaires, mais souvent rares. « Nous aimerions évidemment que les pays voisins permettent à ces personnes de rechercher la sécurité dans leur pays », a-t-elle déclaré.

Le Canada a l’expérience

L’engagement du Canada à réinstaller les Afghans semble être davantage axé sur ceux qui sont déjà à l’étranger. Mais Mme Clements déclare que cet engagement est très apprécié à l’échelle internationale. « Nous avons vu d’autres pays lever la main, ce qui, je pense, est dû au leadership du Canada. »

Avant la crise actuelle en Afghanistan, l’ONU classait ce pays au troisième rang pour le nombre de réfugiés, avec 2,6 millions, derrière le Venezuela, à 4 millions, et la Syrie, à 6,7 millions.

Mme Clements croit que la feuille de route du Canada en matière de réinstallation des nouveaux arrivants lui sera très utile dans son accueil des Afghans.

Elle soutient que les parrainages communautaires et d’autres programmes financés par l’ONU ont montré un bon succès en donnant aux réfugiés « les outils et le soutien nécessaires pour commencer plus rapidement à gagner leur vie et à soutenir leurs familles, et à redonner au Canada et à la communauté. »