(Washington) Le gouvernement fédéral affirme que ni le Canada ni les États-Unis ne peuvent se prêter de pompiers supplémentaires alors qu’ils affrontent l’une des pires saisons d’incendies de forêt de l’histoire récente.

Les deux pays ont besoin de toutes les ressources nécessaires pour lutter contre les incendies de forêt de chaque côté de la frontière, selon une note d’information de Ressources naturelles Canada obtenue par La Presse Canadienne.

Le Centre interservices des incendies de forêt du Canada et son homologue américain sont tous deux au niveau 5 de l’échelle de « préparation nationale », soit le plus élevé, « indiquant un déficit de personnel dans les deux pays », mentionne la note.

« Dans ce contexte, aucun des deux pays n’a été en mesure de partager mutuellement des ressources. »

Les deux pays continueront d’avoir accès à d’autres ressources internationales si nécessaire, ajoute la note. En effet, une centaine de pompiers du Mexique sont récemment arrivés en Colombie-Britannique, se joignant à des membres des Forces armées canadiennes, mais la situation laisse présager un problème qui ne fera que s’empirer.

Un expert en gestion forestière et incendies de forêt à l’Université d’État de l’Oregon, James Johnston, avance que pour le reste de l’été, les températures s’annoncent chaudes et sèches. Et la situation risque d’être similaire pour les prochaines semaines saisons estivales.

L’année dernière, le Canada a envoyé 529 membres du personnel de première ligne, 62 équipes de supervision et plusieurs avions pour aider les États-Unis à lutter contre les incendies de forêt en Californie et dans le nord-ouest du Pacifique.

Cette année, les deux pays en ont toutefois plein les bras. À elle seule, la Colombie-Britannique comptait mercredi 269 incendies actifs, et les experts anticipent le pire été de la province depuis plus de 70 ans.

Dans les provinces des Prairies, plus de 160 incendies brûlent en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba et dans le nord-ouest de l’Ontario.

Au total, les incendies de forêt actuellement actifs au Canada ont ravagé environ 1,2 million d’hectares de territoire, soit une superficie deux fois plus grande que l’Île-du-Prince-Édouard.

Pendant ce temps, dans 14 États différents de nos voisins du Sud, environ 21 000 pompiers luttent contre 96 incendies, dont 24 grands feux dans le Montana et 20 dans l’Idaho.

« La demande de la saison des incendies 2021 montre que nous avons tous les deux besoin de plus de ressources à l’avenir », soutient la note de Ressources naturelles.

La situation est suffisamment grave pour avoir été discutée lundi lors d’une conversation téléphonique entre le premier ministre Justin Trudeau et le président Joe Biden, qui ont convenu qu’il est temps de proposer une approche différente.

En plus de leur objectif commun d’atténuer les changements climatiques, la note indique que les deux pays discutent d’un « programme d’investissement coordonné » pour augmenter le nombre de pompiers qualifiés.

« Étant donné que nous assistons à des saisons d’incendie plus longues et plus intenses en raison des changements climatiques et de la pression qui en résulte sur les ressources, le Canada et les États-Unis cherchent des moyens de relever ces défis de manière coordonnée », indique le document.

Le Canada travaille également sur un « plan directeur » pour une collaboration nord-américaine sur la science entourant les incendies de forêt, sur la base d’une proposition élaborée par Ressources naturelles Canada et le Service des forêts des États-Unis en partenariat avec des experts des trois pays.

« Le Canada continue de chercher des moyens de travailler en collaboration avec les États-Unis ainsi qu’avec d’autres pays partenaires pour développer des solutions innovantes, augmenter la capacité mondiale d’intervention et réduire la vulnérabilité aux incendies de forêt catastrophiques. »

Être plus proactif

La semaine dernière, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a dit au président Biden que le Service des forêts des États-Unis, qui est responsable de près de 60 % des terres forestières de l’État, avait adopté une approche « attentiste » face à l’énorme incendie de Tamarack, qui a eu lieu des deux côtés de la frontière entre la Californie et le Nevada.

M. Newson a demandé l’aide au président pour adopter des stratégies plus offensives face à ces incendies.

L’expert James Johnston estime qu’une étape importante sera d’arrêter d’attendre que de vastes étendues du continent prennent feu avant de réfléchir à la manière de traiter le problème.

« Il n’y a tout simplement pas de solution facile », a-t-il déclaré, notant que la Californie dépensait près de 2 % de son produit intérieur brut annuel pour lutter contre les incendies de forêt.

Des stratégies proactives — utilisant des moyens mécaniques et des brûlages dirigés lorsque les conditions sont moins volatiles pour réduire la quantité de combustible brut — seront un élément essentiel de tout plan réussi.

« Il est vrai que la seule façon de combattre le feu est avec le feu, a souligné M. Johnston. Nous n’avons pas le choix d’avoir ou non du feu, mais nous avons quelques choix sur où et quand. »