(OTTAWA) Le commandant par intérim de l’Armée canadienne a dévoilé lundi son nouveau plan pour lutter contre les inconduites sexuelles, qui inclura le déploiement d’officiers « gardiens de la culture » sur les navires de guerre, le développement de formations avec des survivantes et le lancement d’un programme de justice réparatrice cet automne.

Les mesures annoncées lundi par le lieutenant-général Wayne Eyre étaient attendues depuis qu’un scandale d’inconduites sexuelles impliquant des officiers supérieurs a fait irruption dans l’armée, il y a cinq mois. L’annonce a été faite par la voie d’une mise à jour auprès des membres de l’armée.

Le gouvernement libéral et des officiers supérieurs de l’armée — certains occupant des postes de façon intérimaire en raison d’allégations d’inconduites sexuelles visant leurs prédécesseurs — avaient promis de s’attaquer à ce problème et de changer la culture au sein de l’armée.

« Il est évident pour le haut commandement que les membres veulent du changement, et pas seulement des paroles. Nous devons aller au-devant de la scène et poser des gestes concrets, afin de démontrer que nous ne faisons pas que lancer des paroles à propos de ce problème que nous tentons de régler », a déclaré le lieutenant-général Eyre à ses troupes.

« Avec ce communiqué, nous voulons vous présenter une mise à jour des efforts colossaux qui sont faits pour que s’opère un réel changement. Nous planchons sur plusieurs projets simultanément. »

Le commandant par intérim a ensuite dressé une liste des nouvelles mesures qui seront mises en place, comme le déploiement des nouveaux officiers ayant comme responsabilité de veiller à ce que la culture demeure saine sur les navires et les nouvelles formations développées avec des survivantes.

Il a aussi confirmé que le nouveau programme de justice réparatrice, qui avait été promis en 2019 à la suite d’un règlement lié à une action collective, sera lancé cet automne.

M. Eyre avait mentionné le mois dernier à La Presse Canadienne que ce nouveau programme permettrait à des victimes d’actes commis dans le passé de rencontrer leur agresseur lors d’une séance accompagnée, afin de contribuer au cheminement et de surmonter la douleur.

« Parce qu’il y a trop de victimes qui gardent cette douleur avec eux pendant des décennies », avait-il rappelé.

Des officiers avaient quant à eux mentionné que le programme ne résiderait pas dans la rencontre en personne d’une victime et de son agresseur. Les survivants auraient plutôt partagé leurs expériences auprès d’un comité, afin que l’armée puisse tirer ses leçons.

Sans offrir plus de détails, M. Eyre a laissé entendre que l’armée souhaite adopter une « approche plus globale de justice réparatrice ». Il a mentionné que plusieurs mesures à plus grande portée étaient toujours en train d’être développées, mais qu’il n’était pas possible de savoir combien seront implantées.

Des groupes de travail sont notamment en place pour analyser les plus de 100 recommandations formulées par le juge de la Cour suprême

à la retraite Morris Fish pour réformer le système judiciaire militaire.

La cheffe de la conduite professionnelle et de la culture de l’armée, Jennie Carignan, planche également sur une campagne pour changer les mentalités dans l’armée.

M. Eyre a pris le poste de chef d’état-major par intérim en février, lorsque l’amiral Art McDonald s’est retiré seulement cinq semaines après son entrée en poste en raison d’une allégation d’inconduite sexuelle.