(Ottawa) Justin Trudeau estime qu’au lieu de feux d’artifice et de bulles, la fête du Canada, cette année, devrait être l’occasion de réfléchir sur le sort des Autochtones au pays.

En conférence de presse, vendredi matin à Ottawa, le premier ministre a soutenu que « de très nombreux Canadiens réfléchiront à la réconciliation, à notre relation avec les peuples autochtones, son évolution, et la façon dont elle doit continuer à évoluer rapidement ».

« Je pense que cette fête du Canada, ce sera un moment de réflexion sur ce que nous avons accompli en tant que pays, mais aussi sur ce que nous devons faire de plus », a-t-il estimé vendredi.

La veille, une Première Nation de la Saskatchewan a annoncé qu’un radar pénétrant avait détecté dans le sol ce que l’on croit être 751 tombes anonymes sur le site d’un ancien pensionnat fédéral pour Autochtones. M. Trudeau a déclaré qu’il avait parlé avec le chef de la première nation Cowessess, Cadmus Delorme, et avec le chef national de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde.

Après la découverte d’un lieu de sépulture anonyme en Colombie-Britannique, à la fin du mois de mai, les communautés autochtones de tout le pays et de nombreux Canadiens ont partagé leur chagrin devant la mort de ces enfants qui fréquentaient des pensionnats fédéraux tenus par des congrégations religieuses catholiques.

Depuis, certaines municipalités ont décidé de renoncer à une partie de leurs festivités habituelles de la fête du Canada, le 1er juillet. Plusieurs villes du Nouveau-Brunswick, dont Saint-Jean et Fredericton, ont choisi d’abandonner les célébrations traditionnelles. Les évènements de la fête du Canada seront aussi partiellement ou totalement annulés à Victoria, dans le canton de Wilmot, en Ontario, et à St. Albert, une ville au nord-ouest d’Edmonton, en solidarité avec les communautés autochtones en deuil.

La déclaration de M. Trudeau, selon laquelle le 1er juillet devrait être un moment pour réfléchir à l’histoire du pays, fait écho aux sentiments exprimés par certains de ses ministres plus tôt cette semaine.

Le chef conservateur, Erin O’Toole, a estimé quant à lui que la fête du Canada ne devrait pas être annulée et que les tragédies du passé peuvent être utilisées comme motivation pour construire un pays meilleur. Il a soutenu que les conservateurs étaient déterminés à renouveler la relation de nation à nation avec les peuples autochtones, mais qu’ils s’opposaient fermement à la « culture d’annulation » de militants, en particulier pour le jour de la fête nationale.

« Je crains que les injustices de notre passé ou de notre présent ne soient trop souvent confisquées par un petit groupe de voix militantes qui s’en servent pour attaquer l’idée même du Canada, déclarait-il mercredi. À titre de personne qui a servi le Canada et qui demandera bientôt la confiance (des Canadiens) pour diriger ce pays, je ne peux pas rester silencieux lorsque des gens veulent annuler la fête du Canada. »

Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a indiqué que les gens verront la fête du Canada différemment cette année. « Cela nous rend un mauvais service lorsque nous ignorons l’injustice, les mauvaises parties de notre histoire et l’héritage en cours, et l’impact de ces choses horribles qui se sont produites et continuent de se produire », indiquait-il mercredi.