Lorsqu’elle observe ce qui se passe sur les sites des anciens pensionnats autochtones, Viviane Michel, présidente de Femmes autochtones du Québec, a la nausée. Selon elle, nous sommes encore loin de la réconciliation. Entrevue.

Que réveillent chez vous ces découvertes ?

Toutes les tortures que les pensionnaires ont vécues – on parle d’agressions sexuelles, d’agressions physiques et maintenant on parle de meurtres –, ça réveille des traumatismes, autant chez les gens qui ont fréquenté les pensionnats que chez les gens qui ne les ont pas fréquentés. On est tous une grande famille. On est tous touchés de près ou de loin par des évènements de ce genre. Ça nous bouleverse, on ressent des nausées de plus en plus. On ne s’habituera jamais à la douleur.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Viviane Michel, présidente de Femmes autochtones du Québec

Que faire pour réparer les blessures ?

Les gens ont vécu des traumatismes et des violences et ils ont besoin d’entendre des excuses. Il n’est jamais trop tard pour s’excuser. J’espère que le gouvernement va prendre ça au sérieux, pas juste annoncer sa compassion, mais aussi un plan d’action. Même le pape n’est pas capable de présenter ses excuses aux Premiers Peuples, c’est aberrant. C’est une entité chrétienne qui nous a fait un lavage de cerveau, qui nous a changés dans notre mode de vie.

Croyez-vous à la réconciliation ?

Non, je ne crois pas à la réconciliation pour l’instant. Tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas de réparation faite, on ne peut pas parler de réconciliation. Il faut reconnaître les torts qui ont été causés et être capable d’en assumer la responsabilité. Par la suite, il faut parler des processus de guérison et travailler les traumatismes en mettant sur pied une clinique.

Doit-on fouiller les sites des anciens pensionnats autochtones au Québec ?

Oui, les fouilles vont nous permettre d’avoir des réponses. Il y a eu 10 pensionnats au Québec et on devrait tous les fouiller pour qu’il n’y ait pas d’interrogation. Je suis dans la communauté d’Uashat-Maliotenam et on a un site où un pensionnat a été et on se demande encore aujourd’hui si nous aussi, on est touchés par ce drame. Croisons les doigts pour qu’il n’y ait pas de cadavres sur nos terres.