Des plans sont en cours d’élaboration pour identifier et rapatrier les dépouilles de 215 enfants retrouvées sur le site d’un ancien pensionnat autochtone en Colombie-Britannique.

Les responsables de la bande locale souhaitent entreprendre ce processus bouleversant afin de pouvoir raconter les histoires de ces jeunes et apporter une certaine paix d’esprit à leurs familles, indique le chef régional de l’Assemblée des Premières Nations, Terry Teegee.

Le service des coroners, des experts médico-légaux et le Musée royal de la Colombie-Britannique pourront selon lui être mis à contribution.

Terry Teegee dit avoir rencontré des chefs autochtones de partout dans la province pour déterminer la marche à suivre. Joint à Prince George, il a souligné que ces enfants venaient non seulement de la région de Tk’emlúps te Secwépemc, mais aussi de communautés voisines et d’« aussi loin au nord que Fort Nelson ».

La cheffe Rosanne Casimir de la première nation Tk’emlúps te Secwépemc, rapporte que la présence des 215 corps avait été confirmée la semaine dernière à l’aide d’un radar. Certains des enfants avaient à peine trois ans.

PHOTO DARRYL DYCK, LA PRESSE CANADIENNE

Pour rendre hommage aux enfants, 215 paires de souliers ont été déposées dans les marches de la Vancouver Art Galler.

Il s’agit d’« une perte impensable dont on parlait, mais qui n’avait jamais été documentée », a-t-elle relevé.

Rosanne Casimir a noté vendredi que davantage de corps pourraient être découverts, car d’autres zones restent à fouiller sur le terrain du pensionnat.

La macabre découverte confirme les nombreux témoignages de survivants sur la disparition d’enfants fréquentant ce pensionnat, selon le chef Teegee.

Réaction de consternation à Ottawa

La ministre des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, et son collègue Marc Miller, ministre des Services aux Autochtones, ont réagi conjointement dans un communiqué émis tard vendredi soir.

« Les mauvais traitements infligés aux enfants autochtones constituent une partie tragique et honteuse de l’histoire du Canada », ont-ils indiqué.

« La perte des enfants qui ont fréquenté les pensionnats est impensable et le Canada reste déterminé à soutenir les familles, les survivants et les communautés, et à commémorer ces âmes innocentes perdues », ajoutent-ils.

Le communiqué précise que le gouvernement fédéral travaille avec la communauté et ses partenaires, tels que la BC First Nations Health Authority, pour fournir les ressources et le soutien nécessaires à la communauté. On y rappelle qu’une « ligne d’écoute nationale des pensionnats indiens est disponible 24 heures sur 24, au 1 866 925-4419 ».

L’équipe du Musée royal de la Colombie-Britannique épaule aussi la communauté en effectuant des recherches dans les archives de la province à propos de décès ou d’enterrements dans ce pensionnat, indique le président du conseil d’administration de l’institution muséale, Dan Muzyka.

« Les documents les plus importants et les plus pertinents des archives de la Colombie-Britannique sont ceux des Oblats de Marie Immaculée, l’ordre religieux qui dirigeait l’école », précise M. Muzyka dans un communiqué.

La professeure Nicole Schabus de la faculté de droit de l’Université Thompson Rivers, située à Kamloops, affirme que ses étudiants de première année passent tous au moins une journée dans l’ancien pensionnat à s’entretenir avec des survivants.

Ces survivants ont commencé à l’appeler lorsque la découverte a d’abord été rendue publique, jeudi, incapables de dormir puisque cette nouvelle avait éveillé d’horribles souvenirs d’enfance, rapporte-t-elle.

Selon le chef Teegee, « les blessures de l’héritage génocidaire envers les peuples autochtones » ont ainsi refait surface.

Le pensionnat de Kamloops a opéré entre 1890 et 1969. Le gouvernement fédéral a ensuite pris les rênes de l’établissement et l’a géré comme une école de jour jusqu’à sa fermeture en 1978.

La Commission de vérité et réconciliation a recensé au moins 51 morts dans ce pensionnat entre 1915 et 1963.