(Montréal) Amnistie internationale critique le bilan du Canada en ce qui a trait aux Premières Nations et aux droits des minorités, et le Québec est particulièrement visé.

L’organisme de défense des droits de la personne a publié mercredi son rapport annuel de 500 pages, dans lequel il fait un bilan de la situation dans 149 pays, dont le Canada.

Amnistie a rédigé une liste d’enjeux préoccupants au pays, dont plusieurs touchent précisément le Québec.

Lorsqu’il est question des droits des Autochtones, la mort de Joyce Echaquan est soulignée. La femme atikamekw de Manawan s’était filmée de son lit d’hôpital à Joliette, où elle avait subi les insultes dégradantes de deux employées.

« Sa mort a déclenché une mobilisation contre le racisme dans le système de santé », note-t-on.

L’organisme s’en prend également à la Loi sur la laïcité de l’État du gouvernement Legault.

Le fait que le gouvernement interdise les signes religieux à certains fonctionnaires soulève « des inquiétudes en termes d’égalité des genres, de discrimination, de liberté de culte et de liberté d’expression », écrit Amnistie.

La gestion de la COVID-19 critiquée

Pour l’ensemble du pays, l’organisme écorche le Canada pour sa réponse à la pandémie de COVID-19, estimant qu’elle n’est pas adaptée à certaines populations.

« Ces mesures ont été jugées inadaptées aux groupes touchés de manière disproportionnée, comme les Autochtones, les Noir·e·s et les autres populations racisées, les femmes, les personnes âgées, les travailleuses et travailleurs du sexe, les personnes demandeuses d’asile et les travailleuses et travailleurs migrants », peut-on lire dans les quelques pages consacrées au Canada.

De plus, l’organisme souligne le fait que le pays n’ait pas répondu à la demande de 300 organismes et spécialistes pour que les droits de la personne soient surveillés de plus près pendant la pandémie.

Portrait sombre dans le monde

Dans son bilan du monde entier, Amnistie s’inquiète d’ailleurs que la pandémie ait été utilisée comme prétexte pour bafouer les droits de la personne.

« Les autorités ont sanctionné les personnes qui critiquaient la politique officielle de lutte contre la COVID-19, dénonçaient les atteintes aux droits perpétrées dans le cadre de celle-ci ou mettaient en doute leur discours dans ce domaine, notamment en Afrique du Nord, en Asie et au Moyen-Orient », note-t-on.

« En Europe, des dirigeant·e·s ont confondu crise sanitaire et préoccupations relatives à la sécurité nationale, faisant adopter à la hâte des textes censés garantir cette dernière ou renforçant (ou menaçant de renforcer) leurs capacités de surveillance. »

Amnistie estime par ailleurs que la crise sanitaire mondiale a aggravé les inégalités déjà existantes dans la société.

Par exemple, les confinements et couvre-feux ont affecté les travailleurs de l’économie informelle, formés en grande partie de femmes et de filles. De plus, l’enseignement en ligne a désavantagé des groupes marginalisés, selon l’organisme.

Par conséquent, Amnistie fait pression sur les pays riches pour qu’ils aident les autres États moins fortunés à se relever de la crise.

Cela passe entre autres par un accès aux vaccins, pour qu’ils soient offerts gratuitement à la population.

« Les pays riches et les institutions financières internationales doivent veiller à ce que tous les États disposent des moyens nécessaires pour faire face à la pandémie et pour s’en remettre ensuite, notamment en suspendant et en annulant la dette », est-il écrit dans le rapport.