(Vancouver) Une juge canadienne a rejeté une demande de la directrice financière de Huawei, qui souhaitait faire entendre le témoignage d’un comptable du géant chinois comme preuve dans sa bataille pour combattre son extradition vers les États-Unis.

Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, 49 ans, est accusée par les États-Unis de fraude bancaire et de complot en rapport avec des violations présumées des sanctions américaines contre l’Iran par une filiale du géant des télécoms.

Washington accuse la numéro 2 de Huawei d’avoir menti à HSBC, lors d’une réunion en 2013, au sujet de ses relations avec sa filiale Skycom, qui opérait en Iran, au risque de pousser la banque à violer à son insu les sanctions américaines.

Les avocats de Mme Meng espéraient avec le témoignage de ce comptable prouver que les fausses déclarations présumées de Mme Meng à HSBC concernant sa filiale pour obtenir un prêt n’avaient pas fait courir de risque à la banque, car Huawei n’a jamais utilisé cet argent.

« Cette preuve n’est pas pertinente pour les questions soulevées lors de l’audience d’extradition », a dit la juge Heather Holmes dans sa décision.

C’est la troisième fois que la juge rejetait une demande de témoignage de la défense.

Par ailleurs, le représentant du procureur, Robert Frater, a exhorté mardi la juge à rejeter les accusations de la défense au sujet d’un complot que les autorités canadiennes et américaines auraient monté pour recueillir des preuves contre Mme Meng lors de son interpellation à l’aéroport de Vancouver en décembre 2018.

Les avocats de Meng Wanzhou tentent depuis des mois de prouver que ses droits ont été bafoués lors de son arrestation, dans l’espoir de faire dérailler la procédure d’extradition vers les États-Unis.

Ils soupçonnent un policier canadien d’avoir envoyé au FBI américain un courriel contenant en toute illégalité les mots de passe de ses appareils électroniques confisqués à l’aéroport, ce que dément le représentant du procureur.

« L’histoire n’a pas de sens », a-t-il dit.

Les audiences d’extradition de Meng Wanzhou, qui vit en résidence surveillée à Vancouver depuis son arrestation fin 2018, sont entrées dans leur phase finale. Elles doivent s’achever mi-mai.

Les relations entre Ottawa et Pékin traversent une crise sans précédent depuis l’arrestation en Chine de l’ex-diplomate canadien Michael Kovrig et de son compatriote Michael Spavor, quelques jours après celle de Meng Wanzhou.

Les deux Canadiens viennent d’être jugés pour « espionnage » et attendent leur sentence.