(Ottawa) La Chine a fustigé mardi le Canada et d’autres pays occidentaux, affirmant qu’ils n’avaient pas le droit de critiquer le bilan du régime en matière de droits de la personne, compte tenu du leur.

Pékin a ainsi réagi aux sanctions imposées contre le régime cette semaine pour des violations présumées des droits de la personne contre les minorités musulmanes en Chine.

Le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) ont tous adopté des sanctions contre quatre responsables chinois et une entité lundi, un effort concerté visant à faire pression sur la Chine pour qu’elle mette fin à ce que les alliés ont appelé « une campagne de répression systématique ».

La Chine a agi rapidement pour imposer des sanctions de représailles contre l’UE, et une porte-parole a déclaré que des diplomates des autres pays avaient été contactés pour exprimer le mécontentement du régime.

« Nous les exhortons à ne pas sous-estimer la ferme détermination du peuple chinois à défendre les intérêts nationaux et la dignité. C’est une courtoisie de rendre la pareille de ce que nous recevons », a soutenu mardi la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hua Chunying lors d’un point de presse à Pékin, selon une transcription.

« Ils devront payer le prix de leur ignorance et de leur arrogance. »

Affaires mondiales Canada n’avait pas répondu à un message de La Presse Canadienne au moment d’écrire ces lignes.

Des pays au bilan « ignoble »

En expliquant les arguments de la Chine, Mme Hua a énuméré une série d’injustices historiques que les pays occidentaux ont perpétrées contre les populations minoritaires, dont le système des pensionnats autochtones au Canada.

Dans le système des pensionnats autochtones, des enfants autochtones ont été retirés de leurs familles et ont été placés dans un système scolaire géré par le gouvernement conçu pour les assimiler et au sein duquel des milliers de personnes ont été victimes de violences psychologiques, sexuelles et physiques. La Commission de vérité et réconciliation qui a enquêté sur les pensionnats autochtones et leur héritage a conclu en 2015 que le système représentait un génocide culturel.

« Il faut souligner que ces pays, qui se proclament “juges” des droits de la personne et tiennent à faire la leçon aux autres, ont un bilan ignoble en matière de droits de la personne », a tranché Mme Hua.

Les autorités chinoises détiendraient arbitrairement plus d’un million d’Ouïghours et d’autres minorités ethniques pour les soumettre à une rééducation politique, au travail forcé et à la torture, entre autres.

Mme Hua a qualifié ces allégations de mensonges et de désinformation.

La Chine évoque régulièrement le bilan du Canada en matière de relations avec les Autochtones lorsque les deux pays se disputent sur les droits de la personne.

Le mois dernier, la Chambre des communes a voté pour qualifier la répression contre les Ouïghours de génocide, bien que le premier ministre et la plupart de son cabinet n’aient pas voté.

La motion avait été pilotée par les conservateurs fédéraux. Le chef de l’opposition, Erin O’Toole, s’est fait demander s’il était d’accord avec ceux qui disent que dans le passé, le gouvernement canadien a commis un génocide contre les peuples autochtones.

« La situation des pensionnats autochtones en particulier était horrible et, historiquement, c’était une façon d’essayer d’assimiler et d’avoir un génocide culturel », a-t-il répondu.

Coalition Chine-Russie

Mme Hua a formulé ces commentaires quelques heures après que les ministres des Affaires étrangères chinois et russe eurent dénoncé de nouvelles vagues de critiques et de sanctions contre les deux pays en matière de droits de l’homme.

Lors d’une conférence de presse dans la ville de Nanning, dans le sud de la Chine, le Chinois Wang Yi et le Russe Sergueï Lavrov ont rejeté les critiques extérieures de leurs systèmes politiques autoritaires et ont déclaré qu’ils travaillaient à faire progresser des enjeux tels que les changements climatiques et la pandémie de coronavirus.

La Russie fait également l’objet de sanctions occidentales pour des violations des droits de la personne et l’agression militaire contre l’Ukraine.

Dans une déclaration commune publiée à l’issue de la réunion, les deux ministres ont argué qu’aucun pays ne devrait chercher à imposer sa forme de démocratie à d’autres.

« L’ingérence dans les affaires intérieures d’une nation souveraine sous le prétexte de “faire progresser la démocratie” est inacceptable », jugent-ils.