(Washington) Le gouvernement fédéral ne laissera pas le Michigan fermer la « ligne 5 », un pipeline transfrontalier d’Enbridge, a déclaré jeudi le ministre canadien des Ressources naturelles en rejetant les comparaisons de l’opposition avec le projet Keystone XL dont l’expansion a été annulée.

Seamus O’Regan avait l’air presque combatif en promettant de défendre la ligne de 1000 kilomètres, qui passe par une partie écologiquement sensible des Grands Lacs pour relier le Wisconsin aux raffineries de Sarnia, en Ontario.

Le ministre fédéral des Ressources naturelles qualifie la « ligne 5 » d’élément « non négociable » des pourparlers avec les États-Unis.

« Nous nous battons pour la ligne 5 sur tous les fronts et nous sommes confiants dans ce combat », a déclaré Seamus O’Regan au comité spécial de la Chambre des communes sur les relations entre le Canada et les États-Unis.

Le pipeline d’Enbridge transporte environ 540 000 barils par jour de pétrole et de gaz naturel.

Le ministre a affirmé que l’oléoduc constitue une source vitale d’emplois et d’énergie pour les États du nord des États-Unis, mais aussi pour le sud-ouest de l’Ontario et du Québec.

En novembre, la gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, a ordonné la fermeture de la ligne 5 d’ici mai, accusant Enbridge, établie à Calgary, de violer les termes de l’accord qui permet à la ligne de traverser le bas du détroit de Mackinac.

Le détroit, qui relie le lac Michigan et le lac Huron, possède des courants puissants qui, selon les experts, font de la région le pire endroit possible pour un déversement de pétrole dans les Grands Lacs.

Les opposants aux pipelines aux États-Unis — bon nombre des mêmes voix qui ont contribué à faire du projet d’expansion Keystone XL de TC Énergie un point de ralliement environnemental au cours de la dernière décennie — ont juré de réussir à le fermer.

Enbridge, qui envisage de fortifier le tronçon sous-marin de la ligne en l’acheminant à travers un tunnel sous le lit du lac, se bat contre l’ordonnance de Gretchen Whitmer devant le tribunal.

Kirsten Hillman, ambassadrice du Canada aux États-Unis, a déclaré que les préoccupations du Michigan concernant la ligne 5 étaient antérieures à Gretchen Whitmer et faisaient l’objet de discussions fréquentes pour les responsables de l’ambassade depuis 2017.

Les diplomates et les gouvernements joueront un rôle dans la recherche d’une solution, mais la résolution du différend reviendra probablement au gouvernement de l’État et à Enbridge, a-t-elle suggéré.

« La ligne 5 est un élément crucial de l’infrastructure énergétique du Canada, mais aussi des États-Unis — c’est le principal message que nous transmettons », a déclaré Kirsten Hillman au comité.

Elle a fait écho aux remarques de Seamus O’Regan sur l’impact potentiel qu’aurait la fermeture du pipeline non seulement sur le Canada, mais également sur le Michigan et l’Ohio, précisant que l’oléoduc fonctionne en toute sécurité depuis plus d’un demi-siècle.

« Nous soutenons, sans réserve et très activement, l’exploitation continue et sûre de ce pipeline », a déclaré Kirsten Hillman.

« La solution à ce problème viendra par des moyens diplomatiques, mais elle passera également par des négociations entre l’entreprise et la gouverneure. »

Le ministre garde espoir

Le ministre O’Regan a réagi sans équivoque jeudi lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que les préoccupations de la gouverneure étaient fondées.

« Non, je ne le pense pas », a-t-il répondu. « Il s’agit d’un pipeline sûr, il a toujours été un pipeline sûr et le propriétaire prend des mesures supplémentaires pour s’assurer qu’il continue à fonctionner en toute sécurité. »

Seamus O’Regan a également insisté sur le fait qu’il demeure « confiant » qu’Enbridge et le Michigan parviendront à un accord pour permettre à la ligne de continuer à fonctionner avant l’échéance en mai établie par la gouverneure Whitmer.

Le député conservateur Mark Strahl a noté que le gouvernement fédéral n’avait pas réussi à empêcher le président américain Joe Biden d’annuler Keystone XL et a demandé en quoi le plan de la ligne 5 était différent.

« Ils sont très différents », a déclaré le ministre O’Regan en défendant les efforts des libéraux fédéraux concernant Keystone XL, un projet que Joe Biden a annulé lors de son premier jour à la Maison-Blanche.

Il a également dit avoir exprimé le point de vue du Canada sur les deux pipelines à la secrétaire américaine à l’Énergie, Jennifer Granholm, lorsque les deux ont discuté pour la première fois mercredi.