(Ottawa) Le chef du Parti conservateur Erin O’Toole exige la tenue d’une enquête indépendante, loin de la chaîne de commandement des Forces armées canadiennes, afin de faire la lumière sur les allégations d’inconduite touchant deux chefs d’état-major.

Lui-même ancien membre des Forces armées canadienne, M. O’Toole a déclaré en conférence de presse que ces allégations mettent à mal la réputation d’une institution importante au pays.

Il a affirmé que les Canadiens et les Canadiennes doivent avoir la certitude que tout est mis en œuvre pour éradiquer cette culture de la sexualisation qui a déjà été dénoncée par l’ex-juge de la Cour suprême Marie Deschamps, auteure d’un rapport sur l’inconduite sexuelle au sein des Forces en 2015.

M. O’Toole propose aussi que les hausses salariales et les promotions des hauts gradés des Forces armées soient suspendues d’ici à ce que la lumière soit faite sur les allégations. Enfin, il réclame la création d’un organisme indépendant chargé de recevoir les plaintes d’agressions sexuelles au sein des Forces armées et de faire enquête sur celles-ci.

« La culture doit changer. Un gouvernement conservateur ordonnera une enquête indépendante à l’échelle du service sur l’inconduite sexuelle dans l’armée. Pendant que cette enquête est en cours, toutes les promotions des généraux et des officiers et les augmentations de salaire seront suspendues », a-t-il indiqué.

Selon M. O’Toole, « il est raisonnable de soupçonner qu’il y a un problème partout » si les grands patrons des Forces armées sont visés par des allégations d’inconduite de la sorte. « Nous demandons à beaucoup aux Canadiens courageux qui servent dans nos Forces armées. En retour, nous avons le devoir de protéger ceux et celles qui ont prêté serment de nous protéger », a-t-il affirmé.

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Art McDonald

« Personne ne devrait être victime de harcèlement sexuel quand ils se présentent pour servir leur pays », a-t-il aussi martelé.

Depuis quelques semaines, le leadership des Forces armées canadiennes (FAC) est secoué par une crise majeure. En l’espace de moins d’un mois, on a appris que deux chefs d’état-major – celui qui était en poste jusqu’à mercredi, Art McDonald, et son prédécesseur Jonathan Vance – étaient visés par des allégations d’inconduite.

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Jonathan Vance

Global News a d’abord révélé que Jonathan Vance, à la retraite depuis janvier 2021, fait l’objet d’allégations de nature sexuelle. Une enquête est déclenchée par la police militaire, et un comité des Communes décide de se pencher sur l’affaire.

Tard mercredi soir, le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, a annoncé par communiqué le retrait du chef d’état-major Art McDonald, qui était aux commandes depuis à peine un mois et demi. « Comme je l’ai dit, je prends les allégations d’inconduite très au sérieux », a déclaré le ministre de la Défense, précisant que le Service national des enquêtes des Forces canadiennes est sur l’affaire.

Les allégations formulées à l’endroit de Jonathan Vance sont de nature sexuelle. Il en va de même pour celles visant Art McDonald, selon le réseau CBC, qui a aussi rapporté jeudi que les allégations concernant l’amiral McDonald remonteraient à une dizaine d’années.

Avec Mélanie Marquis

Trudeau veut en faire plus contre le harcèlement

Justin Trudeau a déclaré vendredi que le fait que l’amiral Art McDonald se soit retiré du poste de chef d’état-major de la défense pendant que la police militaire enquête sur des allégations d’inconduite démontre à quel point ces cas sont pris au sérieux.

Mais le premier ministre estime qu’il faut en faire plus pour s’assurer que les lieux de travail soient exempts de harcèlement et d’intimidation.

Interrogé sur cette nouvelle affaire, vendredi, M. Trudeau, comme il l’avait fait pour le général Vance et pour la gouverneure générale, Julie Payette, a indiqué qu’il était important que chaque personne qui travaille au sein du gouvernement ou dans l’armée ait le droit « à un environnement sain et libre de harcèlement et d’intimidation ».

« Nous allons toujours prendre ça au sérieux et je pense qu’on a démontré — et ce que le chef d’état-major de la défense a démontré quand il a choisi de se retirer de son poste pendant que l’enquête est en cours —, c’est que personne n’est à l’abri d’allégations ou d’être pris au sérieux, de faire des suivis sur des préoccupations et des situations comme ça » a-t-il dit.

« Nous allons nous assurer que chaque fois que quelqu’un avance avec des préoccupations, avec des histoires, on les adresse, on suit un processus rigoureux et responsable pour que les gens soient entendus et appuyés, et qu’en même temps, on travaille encore plus fort pour transformer nos systèmes, nos institutions, pour bien mettre fin à ces histoires qui sont toujours troublantes. »

La Presse Canadienne