(Ottawa) Les propositions contenues dans le document de réforme des langues officielles de la ministre Mélanie Joly sont saluées par les acteurs du milieu. Ils insistent cependant pour dire qu’un projet de loi doit suivre dans les plus brefs délais.

« Aujourd’hui, on célèbre. Lundi matin, on s’assoit, on roule nos manches et on continue le travail », lance en entrevue téléphonique Jean Johnson, président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada.

Mme Joly a déposé vendredi son document visant à tracer les grandes lignes de la modernisation à venir de la Loi sur les langues officielles. Elle y aborde de nombreux aspects, allant du respect de la langue de travail à l’immigration francophone, en passant par la nomination de juges bilingues.

Ce document est le fruit des consultations faites dans les dernières années par l’équipe de la ministre, mais également par le commissaire aux langues officielles, les comités des langues officielles du Sénat et de la Chambre des communes, ainsi que des groupes de défense des minorités linguistiques.

Un comité d’experts doit ensuite se pencher sur certaines dispositions du document. Il aura 60 jours pour émettre ses recommandations. Mme Joly promet qu’un projet de loi suivra avant la fin de l’année, sans s’avancer sur un échéancier plus précis.

Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, reconnaît que de nombreux facteurs pourraient retarder le dépôt et l’adoption d’un projet de loi. C’est pourquoi il encourage Mme Joly à agir plus tôt que tard.

« On vit dans un contexte politique particulier avec un gouvernement minoritaire. […] Mais je pense que le moment est propice pour faire avancer le dossier et j’encourage le gouvernement d’aller le plus vite possible », indique-t-il en entrevue.

« Nous, ce qu’on demande, c’est que le projet de loi soit déposé et adopté avant les prochaines élections parce que le « post élections » nous rend trop insécures », renchérit M. Johnson, qui ajoute qu’on lui a confié, à l’interne, que l’écriture du projet de loi est déjà en cours.

Le sénateur néo-brunswickois René Cormier souhaite quant à lui que le Comité sénatorial permanent des langues officielles, dont il est le président, puisse rencontrer la ministre Joly « dès que possible » afin de discuter du processus législatif qui mènera à la modernisation de la loi.

Les partis d’opposition à la Chambre des communes ont fait preuve de moins de délicatesse au sujet de la réforme proposée par la ministre Joly.

« Finalement, ce n’est même pas un livre blanc, mais seulement un document de travail avec des intentions sans aucune action. C’est décevant. […] Les libéraux étirent encore la sauce », s’est indigné Alain Rayes, porte-parole du Parti conservateur en matière de langues officielles.

« C’est un bel effort ce que la ministre Joly nous a présenté, mais concrètement, c’est du vent. […] Le document de la ministre Joly risque de mener à de nouvelles consultations qui vont mener à la rédaction de nouveaux rapports. C’est le jour de la marmotte », a déploré le néo-démocrate Alexandre Boulerice.

Au Bloc québécois, on a préféré prendre à partie les mesures proposées en matière de langue de travail.

« Le Québec entier a demandé au gouvernement libéral d’assujettir les entreprises de compétence fédérale à la loi 101. Ce n’est pas du tout ce qui est annoncé aujourd’hui. La solution de la ministre est d’assujettir les entreprises à sa Loi sur les langues officielles, pas à la loi 101 », a critiqué Mario Beaulieu.

Le bureau du ministre Simon Jolin-Barrette, à Québec, n’a pas voulu faire de commentaires.