(Winnipeg) Il en coûtera environ 131 millions sur cinq ans à la GRC pour équiper ses policiers de caméras corporelles dans quelque 700 détachements au pays, estime le directeur parlementaire du budget (DPB).

Dans une note d’évaluation, le DPB indique que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) devrait acheter 12 500 abonnements pour ce Programme national de caméras corporelles, mais aussi pour un Système de gestion de preuves numériques, afin d’entreposer et gérer tous les enregistrements vidéo captés par ces caméras.

Les coûts de base de la caméra et du système de gestion ont été déterminés à l’aide des données sur le contrat et les coûts projetés fournies par le Service de police de Toronto. Mais le DPB souligne que la GRC pourrait faire face à des coûts plus élevés dans ses détachements situés en milieu rural et éloigné.

L’an dernier, lors de grandes manifestations dans le monde à la suite de la mort de George Floyd aux États-Unis, certains groupes ont réclamé que tous les policiers portent des caméras corporelles.

Le premier ministre Justin Trudeau a exprimé son soutien à ces caméras corporelles, en juin dernier, lorsqu’on a vu dans une vidéo, tournée par un citoyen, un policier du Nunavut utiliser la portière de sa camionnette pour renverser un homme sur la rue. Une enquête du Service de police d’Ottawa a par la suite déterminé que le geste était légal.

Dans une autre vidéo citoyenne, on a vu le chef de la communauté autochtone d’Athabasca, Allan Adam, dans une confrontation violente avec des policiers de la GRC à Fort McMurray, en Alberta. La commissaire de la GRC, Brenda Lucki, a ensuite accepté d’équiper les policiers fédéraux de caméras corporelles.

Dans son énoncé économique de l’automne dernier, le gouvernement fédéral a réservé 238,5 millions sur six ans pour soutenir ce programme de caméras, qui devrait débuter en mai, selon un déploiement national progressif.

Des données probantes ?

Certains experts soutiennent toutefois qu’il n’y a pas suffisamment de données qui prouvent que ces coûteuses caméras améliorent le travail des policiers.

Des études au Canada et dans le monde ont montré des résultats contradictoires sur une réduction réelle de la violence. Une étude publiée en 2019 dans la revue Criminology and Public Policy a examiné 70 autres études sur les caméras corporelles. Les auteurs concluent que cette technologie a eu des effets statistiquement négligeables sur le comportement de la police et des citoyens lors d’interventions.

De nombreux services de police ont lancé des projets pilotes depuis 2010, dont un à Montréal en 2016, mais la plupart les ont abandonnés, faute de « résultats concluants » — et compte tenu des coûts des appareils et du stockage des données. Calgary est le seul grand corps policier canadien à avoir adopté cette technologie pour ses agents de première ligne. Un projet pilote de caméra corporelle a débuté l’année dernière pour les policiers de la GRC à Iqaluit, au Nunavut.

Le syndicat représentant les policiers de la GRC a déclaré plus tôt ce mois-ci que ses membres étaient préoccupés par une charge de travail accrue associée à de grandes quantités de séquences vidéo et par des problèmes de confidentialité. La Fédération de la police nationale a toutefois déclaré qu’elle soutenait les caméras corporelles comme un moyen d’améliorer la transparence.