(Ottawa) Le gouvernement chinois n’a pas tardé à répliquer à l’ambassadeur du Canada aux Nations unies, qui a demandé à l’ONU d’enquêter afin de déterminer si la persécution des musulmans ouïghours dans la province chinoise du Xinjiang constituait un génocide.

Lors d’une conférence de presse à Pékin, lundi, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a qualifié les propos de Bob Rae de « ridicules », ajoutant que le Canada répondait davantage à la définition de génocide puisque sa population décroît.

M. Rae a déclaré dimanche sur les ondes de CBC qu’il avait demandé au Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme d’enquêter sur le traitement réservé par la Chine aux Ouïghours dans la province du Xinjiang. Le mois dernier, un sous-comité des Communes a conclu dans un rapport cinglant que le traitement réservé par la Chine aux Ouïghours constituait un génocide. La Chine a estimé que ce rapport était sans fondement.

La Chine a été accusée d’utiliser la régulation forcée des naissances parmi les Ouïghours et d’établir des camps de détention pour assimiler cette minorité musulmane. Pékin a nié tout acte répréhensible, affirmant plutôt que le gouvernement chinois avait mis sur pied un programme volontaire d’emploi et d’enseignement des langues.

Pour se moquer des suggestions de M. Rae, M. Zhao a utilisé lundi un certain nombre de statistiques choisies qui suggèrent que la population ouïghoure de Chine augmente à un rythme plus rapide que la population canadienne. « Je voudrais demander à cet ambassadeur : si sa logique est plausible pour déterminer qui correspond le mieux à l’étiquette de génocide, il semble que ce ne soient pas les Ouïghours qui sont persécutés, mais plutôt le peuple canadien, n’est-ce pas ? »

Taux de natalité en baisse

Les statistiques citées par M. Zhao semblent toutefois tronquées ou inexactes. Dans un article publié en juin, l’Associated Press affirmait que les taux de natalité avaient été considérablement réduits dans les régions dominées par les Ouïghours au Xinjiang.

À CBC, dimanche, M. Rae a déclaré : « Il ne fait aucun doute qu’il y a des aspects de ce que font les Chinois qui correspondent à la définition de génocide » selon la Convention des Nations unies. L’ambassadeur a toutefois ajouté qu’une enquête devait être menée pour rassembler les preuves requises.

M. Zhao a donc demandé lundi comment M. Rae « était arrivé à sa conclusion sans aucune preuve ».

Les relations entre le Canada et la Chine sont au plus bas, non seulement à cause du dossier des Ouïghours, mais aussi en raison de la détention de deux citoyens canadiens, en représailles à l’arrestation à Vancouver, à la demande des États-Unis, de la dirigeante de Huawei Meng Wanzhou.

Le Canada s’est également joint aux alliés occidentaux pour condamner les récentes mesures adoptées par Pékin à l’égard de Hong Kong, où le régime communiste est accusé de violer les accords internationaux en réprimant la démocratie dans l’ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine continentale en 1997.