(Ottawa) Le Canada cherchera à accueillir 401 000 nouveaux résidents permanents l’an prochain, un objectif qui, s’il était atteint, constituerait un sommet historique.

Mais il reste à voir à quel point ce plan est réaliste au cours d’une période marquée par la fermeture des frontières, un ralentissement économique majeur et une capacité réduite au sein du gouvernement fédéral de traiter les demandes.

Le ministre de l’Immigration, Marco Mendicino, a dévoilé vendredi les derniers objectifs du gouvernement en matière d’immigration dans un rapport déposé au Parlement.

De 2021 à 2023, l’objectif est d’accueillir plus de 1,2 million de nouveaux résidents permanents.

Le plan déposé au Parlement n’a pas précisé les objectifs pour les différentes catégories d’immigration, se contentant de scénarios d’ensemble plus élevés et plus modestes.

Au total, les chiffres cibles représentent une augmentation marquée par rapport au plan triennal dévoilé en mars dernier, lorsque le gouvernement a déclaré qu’il visait un peu plus d’un million de personnes.

Ces précédents objectifs ont été dévoilés au moment même où le pays — et une grande partie du monde —fermait les frontières pour tenter d’arrêter la propagation de COVID-19.

Le confinement mondial entraînera probablement une réduction d’environ la moitié du nombre de résidents permanents au Canada cette année.

Dans un communiqué, M. Mendicino a déclaré que le plan triennal avait été conçu pour compenser le manque à gagner de cette année.

Mais le potentiel de la poursuite de la tendance d’un nombre relativement faible de nouveaux arrivants se reflète dans les chiffres.

Alors que l’objectif du gouvernement est de 401 000 personnes, le rapport indique que seulement 300 000 personnes pourraient effectivement être accueillies au pays.

Ce chiffre est inférieur même au plus faible apport prévu dans le plan que M. Mendicino a dévoilé en mars, dans le cadre duquel le gouvernement avait comme objectif entre 330 000 et 380 000 nouveaux résidents permanents en 2021.

Au cours des huit premiers mois de 2020, l’immigration a diminué de plus de 40 % par rapport aux chiffres de l’année dernière.

Les arriérés qui s’accumulent pourraient prendre des années à se résorber, à la fois en ce qui concerne les demandes en cours de traitement et la possibilité pour les nouveaux arrivants de venir au pays.

Le système commence toutefois à redémarrer, dans le contexte de la pandémie.

La décision de rouvrir un programme de parrainage des parents et grands-parents exceptionnellement populaire plus tôt en octobre s’accompagnait d’une promesse d’abaisser le seuil de revenu requis pour les parrains potentiels, en reconnaissant que les revenus des gens peuvent avoir été affectés par la pandémie.

Le ministère de l’Immigration a également lancé un appel d’offres pour la refonte de ses systèmes afin de s’éloigner d’une dépendance vieille de plusieurs décennies sur les dossiers papier et les entretiens en personne avec les candidats.

Des projets pilotes dans les aéroports sur la faisabilité de tester les voyageurs entrants pour la COVID-19 et l’ajustement des exigences potentielles de quarantaine sont également en cours. Bien que les tests, pour l’instant, ne soient effectués que sur les personnes déjà autorisées à entrer au Canada, les résultats des projets pilotes pourraient permettre à un plus grand nombre de personnes d’entrer au pays.

Dans le récent discours du Trône, les libéraux ont insisté sur le fait qu’un retour à une immigration robuste est une priorité.

« Dans le cadre de son plan de relance économique à court terme et de son plan de croissance à long terme, le gouvernement mettra à profit les retombées de l’immigration pour maintenir la compétitivité du Canada sur la scène mondiale », indiquait le discours.

Les principaux éléments du plan dévoilé vendredi incluent un « accent mis sur la croissance économique, avec environ 60 % des admissions qui se situeront dans la catégorie économique » et le « maintien de l’accent sur des approches novatrices et communautaires pour répondre aux besoins divers en matière de main-d’œuvre et de population dans tout le pays ».

Il est aussi question de l’« attribution de points additionnels aux candidats francophones dans le cadre d’Entrée express afin de favoriser la croissance des communautés francophones hors Québec ».