(Ottawa) Une fillette de cinq ans coincée en Syrie depuis la mort de ses deux parents pourra rejoindre son oncle canadien à Toronto.

Toutefois, ceci n’annonce pas une intention d’Ottawa de ramener d’autres citoyens canadiens ou leurs enfants pris dans des circonstances semblables.

« Je suis heureux que cet enfant orphelin canadien sera désormais réuni avec sa famille élargie au Canada. Affaires mondiales Canada s’implique activement dans ce dossier depuis la prise de connaissance des circonstances exceptionnelles entourant l’enfant », a écrit le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, dans un communiqué publié lundi matin.

La petite Amira s’est retrouvée dans un camp de réfugiés dans un territoire syrien contrôlé par les forces kurdes après que son père et sa mère furent tués lors d’une attaque aérienne.

Sa famille élargie a fait des pieds et des mains pour la récupérer, allant même jusqu’à intenter une poursuite contre Ottawa, qui refusait de lui fournir un passeport. Jusqu’à maintenant, le gouvernement canadien disait que la situation en Syrie et l’absence de services consulaires canadiens sur place rendaient la tâche trop complexe.

En annonçant le dénouement de cette affaire, le ministre Champagne a remercié les Forces armées canadiennes pour leur collaboration.


En début d’après-midi, lors de son point de presse, le premier ministre Justin Trudeau a clairement dit que l’opération pour sortir Amira de Syrie ne sera pas répétée de sitôt.

« C’était une situation particulière et exceptionnelle », a déclaré M. Trudeau, soulignant le fait que l’enfant était orpheline. « On a travaillé depuis des mois pour élaborer une façon [de] la rapatrier. Il n’y a pas d’intention de faire d’autres opérations comme ça pour le moment », a-t-il dit.

Ce développement n’aura donc probablement aucun impact sur le sort de deux autres fillettes coincées dans un camp d’anciens djihadistes, en territoire kurde. Le documentaire Poussières de Daesh a mis en lumière l’histoire de ces enfants de deux Québécois radicalisés et tués en Syrie.

La sœur d’un de ces deux hommes, Leïla Sakhir, voudrait ainsi ramener sa nièce au Canada. Mais dans le cas de cette enfant, tout comme dans celui de l’autre famille dont le documentaire raconte l’histoire, les deux mères, dont on ignore la nationalité, sont en vie.

Réaction de l’opposition

Le chef conservateur Erin O’Toole réclame que l’aide portée à Amira soit offerte à d’autres enfants.

« Il y a plus d’un an, j’ai demandé à Justin Trudeau de prendre les mesures nécessaires pour réunir des enfants, comme Amira, avec leurs familles ici, au Canada. Le gouvernement libéral s’est enfin décidé à agir. Nous voulons voir un plan pour réunir d’autres enfants canadiens détenus dans des camps syriens avec leurs familles ici, au Canada », a écrit M. O’Toole dans un courriel.

« Les conservateurs ont été clairs sur le fait que les Canadiens qui rejoignent les rangs de l’ISIS doivent répondre de leurs actes et être traduits en justice, mais nous devons faire preuve de compassion envers les enfants canadiens détenus à l’étranger », a-t-il ajouté.