(Montréal) Une entente est finalement intervenue, tard jeudi soir, entre le gouvernement fédéral et l’Alliance de la fonction publique du Canada, qui permettra de dédommager ses 140 000 membres victimes des ratés du système de paie Phénix.

Chaque membre touchera 2500 $ pour les quatre années d’erreurs, d’embûches, d’injustices subies : retards dans le versement de la paie, trop-payés, pas assez payés ou absence de paie, a confirmé l’AFPC à La Presse Canadienne.

L’an dernier, l’AFPC, qui est le plus grand syndicat de fonctionnaires fédéraux au pays, avait rejeté l’offre du gouvernement fédéral de cinq journées de congé, soit 1,25 jour par année de problèmes avec Phénix.

Les autres syndicats du secteur public fédéral avaient accepté cette offre. Ils avaient toutefois pris soin d’inclure une clause remorque dans leur entente avec le gouvernement fédéral, qui stipule que si une autre organisation syndicale obtenait un meilleur règlement, leurs propres membres en bénéficieraient aussi.

« Sensiblement meilleur »

L’AFPC estime que le montant forfaitaire de 2500 $ est « sensiblement meilleur » que l’offre précédente et sera plus équitable pour ses membres.

Le montant forfaitaire de 2500 $ est ventilé ainsi : 1000 $ de dédommagement pour l’exercice budgétaire 2016-2017, 500 $ pour 2017-2018, 500 $ pour 2018-2019 et 500 $ pour 2019-2020.

« Après quatre années de stress, d’incertitude et de difficultés financières parce que leur employeur ne les a pas payés correctement ou à temps, nos membres seront enfin indemnisés pour le cauchemar Phénix », s’est réjoui Chris Aylward, président national de l’AFPC.

L’Alliance précise que tous ses membres dont la paie est traitée par le système de paie Phénix ont droit à cette indemnité.

Même les anciens fonctionnaires fédéraux ou leur succession pourront réclamer la totalité du montant prévu par le règlement, a ajouté le grand syndicat pancanadien.

De plus, l’entente intervenue entre le gouvernement fédéral et l’AFPC prévoit une amélioration du processus actuel de réclamation des dépenses personnelles et des pertes financières causées par les ratés de Phénix.

Elle prévoit également une indemnisation pour des « dommages graves » et « autres cas démontrables » qui auraient été subis à cause des ratés du système de paie.

Phénix avait été implanté par le gouvernement de Stephen Harper, qui voulait ainsi économiser, en centralisant les systèmes de paie. Phénix a été conçu par IBM.

Les problèmes se sont multipliés dès le départ : le système a engendré des milliers de cas de trop-payés ou des paies insuffisantes ou incorrectes.

Des fonctionnaires se sont retrouvés avec des problèmes financiers, sans compter le stress et l’angoisse d’avoir à se débattre avec la « machine » et les problèmes qui perduraient. Un coroner avait déjà mis en cause Phénix dans le suicide d’une fonctionnaire fédérale en 2017.

Au départ, en plus, un employé qui recevait un trop-payé devait rembourser à son employeur le montant brut de ces trop-payés, puis demander à l’Agence du revenu du Canada de lui rembourser l’impôt et les cotisations au Régime de pension du Canada et à l’assurance-emploi qu’il avait payés en trop, à cause des trop-payés. Cette aberration avait toutefois été réglée en cours de route.

L’entente avec Ottawa concernant ce dédommagement a été entérinée le 3 juillet dernier par le conseil national d’administration de l’AFPC.

Au Québec, l’Alliance de la fonction publique du Canada est affiliée à la FTQ, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec.