(Toronto) Le chef de la police de Toronto est opposé à des coupes arbitraires dans le budget de son service, mais il appuie l’idée d’une réforme des méthodes d’intervention auprès des personnes en crise.

Mark Saunders a rappelé lundi qu’il n’existait actuellement aucun autre système en place pour répondre aux appels d’urgence liés à la santé mentale : il doit donc y avoir selon lui un nouveau système d’intervention sociocommunautaire avant que des réformes policières n’entrent en vigueur.

Le chef Saunders a fait ces commentaires lundi à l’occasion d’une réunion du conseil municipal qui débat de la réforme de la police. Le maire John Tory a présenté au conseil une motion qui propose une série de changements au sein de la police, mais aussi des mesures pour lutter contre le racisme et la mise en place de caméras corporelles pour les policiers.

Des appels au « définancement » de la police se sont multipliés aux États-Unis, puis à travers le monde, à la suite de la mort, aux mains de policiers, de George Floyd, un Noir de Minneapolis. Plus près de chez nous, à Toronto même il y a environ un mois, Regis Korchinski-Paquet, une femme noire de 29 ans, est tombée de son balcon lors d’une intervention de la police chez elle. Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Toronto au cours du dernier mois pour demander des changements au sein de la police.

Le conseiller municipal Josh Matlow avait présenté une motion pour réduire le budget de la police de 10 %, mais il l’a retirée lorsque le maire a présenté sa propre motion. M. Tory souhaite essentiellement que les policiers ne soient plus les premiers répondants pour des appels au 911 qui n’impliquent pas d’armes ou de violence, comme ceux de personnes qui sont en crise de santé mentale — lorsqu’une présence policière n’est pas nécessaire.

Caméras corporelles ?

Le maire veut aussi savoir combien la Ville pourrait épargner dans le budget de la police grâce à ces changements. Le conseil municipal demande donc une ventilation précise du budget de la police ainsi qu’un rapport du vérificateur général pour identifier les économies de coûts et les investissements nécessaires dans les services communautaires.

La Ville recherche également des stratégies pour lutter contre le racisme dont sont victimes les Noirs et les Autochtones. Et elle souhaite équiper tous les policiers de caméras corporelles d’ici le 1er janvier prochain — ce qui coûterait environ 5 millions par année, selon le chef Saunders.

Dans le cadre de la réforme des méthodes d’intervention auprès de personnes en crise, la motion demande que la police fasse plutôt appel aux « unités de crise ». Il existe actuellement à Toronto huit équipes mobiles d’intervention en cas de crise, formées d’un policier et d’une infirmière, a rappelé le chef Saunders.

La police de Toronto répond chaque année à plus de 30 000 appels pour des incidents liés à la santé mentale, soit environ 82 appels par jour. Or, ces équipes ne fonctionnent pas jour et nuit et elles ne sont pas les « premiers répondants » — elles sont dépêchées une fois que des patrouilleurs sont arrivés sur place et ont évalué la situation.

Le chef Saunders a reconnu que les appels en matière de santé mentale sont souvent complexes — ils impliquent parfois, par exemple, des machettes ou des haches. « Chaque fois que nous recevons ces appels, il est obligatoire que deux policiers se rendent sur place », a-t-il expliqué. « J’aimerais mieux que nous réfléchissions et que nous nous informions tous un peu plus sur ce que nous faisons et ce que la population souhaite que l’on fasse », a-t-il dit aux conseillers municipaux.

M. Saunders doit prendre sa retraite à la fin de juillet et le maire Tory souhaite également une large consultation publique pour le choix de son successeur.