(Ottawa) Le Canada et les autres pays ayant perdu des ressortissants dans l’écrasement d’un avion de ligne abattu par l’armée iranienne n’acceptent pas la COVID-19 comme une « excuse » pour le fait que les boîtes noires n’ont pas encore été transférées par l’Iran, a affirmé mardi le nouveau conseiller spécial du gouvernement.

« Nous n’avons pas pour le moment une enquête transparente et authentique comme il se doit. Nous n’avons pas encore les boîtes noires. Nous n’avons pas encore les indemnisations », a souligné l’ancien ministre libéral Ralph Goodale à La Presse canadienne.

Le premier ministre Justin Trudeau a fait appel plus tôt mardi à l’ancien ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale pour veiller à ce que les proches des 55 Canadiens qui ont péri lors de l’écrasement du vol 752 de la compagnie aérienne Ukraine International Airlines à Téhéran, en janvier, obtiennent toutes les réponses à leurs questions.

M. Goodale a été nommé au poste de conseiller spécial du premier ministre dans ce dossier, a appris La Presse. L’ancien ministre aura aussi comme mandat de proposer au gouvernement canadien toute mesure qui pourrait être mise en œuvre pour éviter qu’une telle tragédie ne se produise à l’avenir.

Ce faisant, l’ancien ministre viendra épauler le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, et le ministre des Transports, Marc Garneau, qui ont tous les deux multiplié les interventions et les sorties pour que toute la lumière soit faire sur cette tragédie qui a coûté en tout la vie aux 176 occupants qui se trouvaient à bord de l’avion.

Reconnu comme un pilier du gouvernement libéral durant le premier mandat de Justin Trudeau, M. Goodale a été défait aux dernières élections dans sa circonscription de Regina-Wascana, en Saskatchewan, une province où les libéraux ont été rayés de la carte électorale.

Le vol 752 de la Ukraine International Airlines a été abattu peu de temps après son décollage de l’aéroport international de Téhéran en janvier par deux missiles lancés par les forces armées iraniennes.

Au départ, le régime iranien a soutenu que l’appareil s’était écrasé à la suite d’un accident avant d’admettre quelques jours plus tard que les forces armées iraniennes étaient responsables de cette tragédie.

Malgré les pressions du Canada et de ses principaux alliés, l’Iran n’a toujours pas respecté son engagement de coopérer à l’enquête. En effet, le gouvernement iranien n’a guère tenu sa promesse formulée il y a trois semaines de remettre les boîtes noires de l’appareil à l’Ukraine pour qu’elles soient analysées par des experts.

Le représentant de l’Iran auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale, une organisation ayant pignon sur rue à Montréal, a promis le 11 mars de les transférer dans un délai de deux semaines pour aider l’Ukraine à enquêter sur l’accident.

L’Iran est l’un des pays les plus durement touchés par la pandémie de la COVID-19 avec plus de 41 000 cas et plus de 3100 décès. Au pays, cette crise a forcé l’annulation de plusieurs rencontres entre les familles et des responsables canadiens. Les familles espéraient obtenir des mises à jour concernant l’enquête sur l’écrasement et les efforts d’Ottawa pour obtenir des indemnités de Téhéran et de la compagnie aérienne.

En vertu de l’annexe 13 de la Convention relative à l’aviation civile internationale, l’État où un accident d’aéronef survient doit produire un rapport préliminaire dans les 30 jours qui suivent la date de l’accident. Si l’État n’a pas l’expertise, il est tenu de confier l’analyse à un autre pays.

Le ministre des Transports Marc Garneau a saisi le mois dernier les membres de l’OACI pour que l’on exerce davantage de pression sur Téhéran. L’Iran, qui est membre de l’OACI, a déjà admis ne pas avoir l’expertise ou l’équipement requis pour mener à bien une telle analyse.  Même si les boîtes noires ont été endommagées durant l’incident, cela ne veut pas dire que les informations qu’elles contiennent ne sont pas intactes, selon le ministre Garneau.

-Avec la Presse canadienne