(Winnipeg) Le premier ministre Justin Trudeau presse l’Iran de cesser ses tergiversations et d’envoyer les boîtes noires du vol PS752 d’Ukraine International Airlines dans un autre pays qui a l’expertise pour analyser les données de l’écrasement d’avion sans délai.

Selon l’Associated Press, le responsable iranien de l’enquête sur l’écrasement d’avion qui a fait 176 morts — dont 57 victimes canadiennes et 29 résidents permanents au Canada — semblait reculer sur ses intentions d’envoyer les boîtes noires à l’étranger.

L’Iran voudrait plutôt recevoir une assistance technique de la France et des États-Unis pour analyser les données des enregistreurs de vol dans son propre pays.

Lors d’une conférence de presse à Winnipeg mardi, en clôture de la retraite de son conseil des ministres, M. Trudeau a fait part de son impatience.

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Justin Trudeau

« Nous sommes préoccupés par le fait que les boîtes noires ne sont pas en train d’être analysées immédiatement comme il se doit, dans les processus après une telle tragédie aérienne », a-t-il déclaré.

« C’est pour ça que nous encourageons l’Iran et nous demandons fortement à l’Iran d’envoyer les boîtes noires quelque part où ils ont la capacité de les analyser de façon approfondie et rapide. La France est un exemple parfait qui s’est montré ouvert à le faire en tant que tiers pays dans cette situation », a-t-il ajouté.

Le Canada et ses alliés appellent l’Iran à déplacer les boîtes noires vers une destination disposant de toute la technologie et de l’expertise nécessaires, comme la France ou l’Ukraine, pour télécharger les données sans délai.

Le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, a déclaré que la demande avait été soulevée lors de sa conférence téléphonique avec des représentants de la Grande-Bretagne, de la Suède, de l’Afghanistan et de l’Ukraine — soit les pays qui ont perdu des citoyens dans l’écrasement du vol PS752 d’Ukraine International Airlines.

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Le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne

« Tous les yeux sont tournés vers l’Iran maintenant. L’Iran a un choix à faire : celui de la coopération, de la transparence, de la reddition de comptes, de la justice. C’est ce que les familles veulent et nous allons nous tenir debout pour les familles à chaque étape », a-t-il insisté, mardi.

L’Iran refuse également de reconnaître la double nationalité canadienne des victimes iraniennes, ce qui représente un « défi » supplémentaire selon l’aveu même de M. Trudeau.

Le premier ministre dit que le Canada insiste pour que les volontés des familles concernant l’enterrement soient respectées — qu’elles veuillent enterrer leurs proches en Iran ou rapatrier les corps au Canada.

« C’est un engagement qui est aligné non seulement avec la loi internationale, mais avec les principes de l’islam aussi et c’est à ce niveau-là qu’on est en train d’insister que les vœux des familles, quelle que soit la reconnaissance de citoyenneté, soient respectés par l’Iran », a-t-il dit.

M. Champagne a affirmé que, selon les informations les plus récentes, les victimes canadiennes qui ont été enterrées en Iran l’ont été en phase avec les volontés des familles.

Les restes d’une victime ont été rapatriés au Canada, a confirmé M. Champagne. La famille n’a pas voulu l’annoncer par souci de respect de sa vie privée.

Le ministre affirme que toutes les allégations feront l’objet d’une enquête par les agents consulaires canadiens déployés en Iran et que la situation reste « dynamique ». Jusqu’à maintenant, les vœux des familles ont été respectés, a-t-il assuré mardi.