Environnement Canada a mis fin samedi matin à l’avertissement de blizzard lancé pour la région de St. John’s, sur l’île de Terre-Neuve, mais la population n’est pas encore au bout de ses peines.

Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Dwight Ball, a officiellement demandé une demande d’assistance au gouvernement fédéral. Il a notamment demandé le déploiement de troupes militaires.

Pour l’instant, on ignore le nombre de militaires qui seront déployés sur l’île.

Le premier ministre fédéral Justin Trudeau a offert la collaboration de son gouvernement. 

« Ici, quand il vente, il vente ! », a dit Mathieu Charest au lendemain de la tempête à St. John’s.

Le Montréalais est installé dans la ville de Terre-Neuve-et-Labrador depuis quelques mois, pour le travail. Au moment où La Presse l’a joint par téléphone, il s’apprêtait à sortir. Avec ses collègues, ils ont décidé de s’entraider, pelletant ensemble d’un domicile à l’autre. Mais encore fallait-il se frayer un chemin.

Des chutes de neige intenses ont immobilisé vendredi St. John’s et plusieurs autres localités de la province. Les précipitations ont dépassé les 70 cm à certains endroits — un record en plus de 20 ans —, et les vents forts ont créé des accumulations importantes.

« Ça va être une job, a dit M. Charest. Là, j’ai de la neige jusqu’à la taille. »

PHOTO PAUL DALY, LA PRESSE CANADIENNE

Malgré la levée de l’avertissement de blizzard lancé pour la région de St. John’s, l’état d’urgence demeurait en vigueur, « jusqu’à nouvel ordre ». Par ailleurs, des avertissements de tempête ont été lancés pour d’autres régions de l’est de Terre-Neuve, notamment la péninsule de Bonavista, Bonavista North et la baie des Exploits.

Martine Fillion a quitté le Saguenay pour s’installer dans la province de l’Est en 2006. Samedi, elle comptait bien rester à la maison. Elle a réussi à dégager sa porte d’entrée, coincée, en passant sa pelle à travers une fenêtre.

« Je n’ai pas perdu l’électricité, c’est déjà formidable », a-t-elle confié à La Presse. Au cours de la nuit de vendredi à samedi, Newfoundland Power a indiqué que ses équipes travaillaient d’arrache-pied pour rétablir le courant pour environ 21 000 clients.

Lorsque la venue de la tempête a été annoncée, Mme Fillion est allée faire les emplettes, comme beaucoup d’autres Terre-Neuviens. Les autorités municipales avaient conseillé aux résidants de St.John’s de préparer des trousses d’urgence contenant suffisamment de fournitures pour durer au moins 72 heures.

« On se prépare, on va faire l’épicerie, acheter de l’eau et de la nourriture, a-t-elle illustré. Les épiceries étaient pleines jeudi après-midi.

Plusieurs municipalités, dont St. John’s, avaient déclaré l’état d’urgence dès vendredi matin, ordonnant la fermeture des commerces et le retrait de tous les véhicules n’appartenant pas aux services d’urgence des routes.

Au plus fort de la tempête, même des chasse-neige ont été retirés des routes en raison de conditions de visibilité quasi nulles. Cependant, les opérations de déneigement ont repris samedi matin. Elles nécessiteront sans doute plusieurs jours.

Le maire de St. John’s, Danny Breen, a dit n’avoir jamais été témoin d’une tempête d’une telle magnitude. « À l’heure actuelle, la hauteur de la neige devant mon entrée me dépasse. Je ne peux voir aucun de mes véhicules. »

Selon la cheffe des pompiers de St. John’s, Sherry Colford, les dommages causés par la tempête ont été peu importants compte tenu des éléments. « Une maison a perdu son toit pendant un incendie, a-t-elle raconté. Quand il vente aussi fort, il est sûr qu’il y aura des dégâts. Notre défi n’est pas nécessairement d’éviter les lignes électriques au sol mais de déplacer nos véhicules. »

Disparition

Si aucun décès n’a encore été rapporté, des recherches ont été entreprises afin de retrouver un homme âgé de 26 ans qui s’était aventuré dans la tempête.

La GRC a indiqué que Joshua Wall avait quitté vendredi après-midi sa résidence à Roaches Line pour se rendre à pied chez un ami à Marysvale. Selon elle, M. Wall pourrait se retrouver dans un secteur boisé séparant les deux collèges. Des proches de M. Wall ont publié des photos du jeune homme sur les réseaux sociaux.

« On aura recours à un VTT Argo et à des motoneiges pour se rendre dans la zone de recherche », a-t-elle dit.

Les recherches ont été interrompues par l’obscurité et reprendront dimanche matin.

Les gens à qui La Presse a parlé étaient surtout inquiets pour les services d’urgence. Mathieu Charest trouvait que la nouvelle était un peu amplifiée par le phénomène médiatique. Quant à lui, il avait l’intention de profiter de la neige pour faire de la raquette prochainement, quand la situation sera rétablie.

- Avec La Presse canadienne