(Londres) Le Canada et les autres pays touchés par l’écrasement d’avion en Iran la semaine dernière demandent « d’une seule voix » à Téhéran d’indemniser les familles des victimes de cette tragédie provoquée par un ou deux missiles tirés par l’artillerie iranienne.

Cette demande fait partie des cinq éléments inclus dans une entente conclue lors d’une rencontre présidée par le Canada à Londres, jeudi, avec les ministres des Affaires étrangères du Royaume-Uni, de la Suède, de l’Afghanistan et de l’Ukraine. Ces pays demandent aussi à l’Iran de respecter les souhaits des familles qui veulent récupérer les corps des 176 personnes tuées, un accès complet à du personnel consulaire et aux enquêteurs, ainsi que la tenue d’une enquête criminelle indépendante et crédible.

Le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, a déclaré que les pays qui avaient perdu des ressortissants dans la tragédie jugeront de la bonne collaboration des autorités iraniennes au mérite, jour après jour.

Le président iranien, Hassan Rohani, a déclaré que les enquêteurs de son pays avaient récupéré les enregistreurs de bord de l’avion ukrainien et les avaient envoyés en France pour analyse.

Accompagné de ses homologues lors d’une conférence de presse de clôture, jeudi à Londres, M. Champagne a rappelé que l’Iran avait reconnu sa responsabilité dans l’écrasement de l’avion, et que ce pays devait en subir les conséquences. « On continue sur cette base-là mais évidemment, ce sera à l’enquête de déterminer les causes exactes de l’accident et surtout ceux qui sont responsables », a-t-il dit.

Le ministre a indiqué que les pays touchés s’attendent maintenant à ce que l’Iran traite avec eux de l’indemnisation des familles des victimes et garantisse une enquête parfaitement transparente.

Toutes les personnes à bord ont été tuées la semaine dernière lorsqu’un missile sol-air iranien — ou peut-être deux — a frappé l’avion de ligne ukrainien. L’Iran a perdu 82 ressortissants dans l’écrasement, tandis que 57 Canadiens ont été tués. La Presse canadienne a confirmé de façon indépendante qu’au moins 89 victimes avaient des liens avec le Canada ; beaucoup d’étudiants et de professeurs rentraient au pays après avoir visité des proches en Iran pendant les vacances des Fêtes.

Puisqu’un règlement avec Téhéran pourrait prendre des années, le secrétaire parlementaire du premier ministre Justin Trudeau, Omar Alghabra, a déclaré mercredi que le gouvernement fédéral étudiait certains scénarios pour indemniser entre-temps les familles des victimes.

L’expérience néerlandaise

La rencontre du Groupe international de coordination et d’intervention pour les familles des victimes du vol PS752, tenue au haut-commissariat du Canada à Londres, sur Trafalgar Square, s’est ouverte jeudi par une minute de silence. Les cinq ministres ont allumé chacun une bougie devant les drapeaux des pays touchés par la tragédie.

La réunion à huis clos devait commencer par une mise à jour politique sur la situation en Iran et les tensions dans la région qui ont conduit à l’écrasement, a indiqué un haut responsable. On devait ensuite entendre le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Vadym Prystaiko. Le Boeing 737-800 qui s’est écrasé appartenait au transporteur Ukraine International et des enquêteurs de ce pays se trouvent en Iran depuis une semaine.

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Stef Blok, s’est aussi joint à la rencontre pour partager l’expérience des Pays-Bas dans la conduite de son enquête de cinq ans sur l’écrasement du vol MH17 de Malaysia Airlines au-dessus de l’Ukraine, que les enquêteurs ont imputé à la Russie. « Une des leçons qu’on a apprises de nos amis hollandais, c’était la coopération internationale, de parler d’une seule voix pour s’assurer qu’on puisse non seulement coordonner nos actions, mais parler d’une seule voix face au gouvernement iranien », a indiqué le ministre Champagne, à l’issue de la rencontre.

Le premier ministre Trudeau s’est entretenu au téléphone ces derniers jours avec ses homologues internationaux, dont les dirigeants de l’Afghanistan, des Émirats arabes unis et de la Jordanie, mais aussi avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.

« Le premier ministre et le secrétaire général ont réaffirmé la nécessité d’une enquête internationale complète et approfondie. Ils se sont félicités de la participation de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) à l’enquête », peut-on lire dans le communiqué du cabinet de M. Guterres. L’OACI a son siège à Montréal.