(Toronto) Le gouvernement de l’Ontario mènera une « enquête complète » pour comprendre pourquoi les résidents de la province ont été réveillés dimanche matin par une alerte erronée concernant un incident à la centrale nucléaire de Pickering.

Le Solliciteur général de l’Ontario a déclaré que l’alerte, qui a été envoyée sur les téléphones portables vers 7 h 30, avait été diffusée par erreur lors d’un exercice de routine mené par le Centre provincial des opérations d’urgence.

PHOTO GRAEME ROY, LA PRESSE CANADIENNE

« Aucun incident ayant eu lieu à la centrale nucléaire de Pickering n’aurait dû déclencher une alerte publique. Le public ou l’environnement n’ont jamais été menacés non plus », a affirmé la solliciteure Sylvia Jones dans une déclaration écrite.

Le Centre provincial des opérations d’urgence, qui coordonne la réponse du gouvernement ontarien aux urgences majeures, organise régulièrement des exercices de ce type, mais « il n’avait aucune intention d’avertir le public dans ce cas », précise Mme Jones.

Le gouvernement ontarien tentera de déterminer les causes de cette erreur « et prendra les mesures appropriées pour éviter que cela ne se reproduise », ajoute-t-elle.

Environ 40 minutes après la diffusion de l’alerte, la société Ontario Power Generation (OPG) a annoncé sur Twitter qu’il s’agissait d’une erreur. Une alerte de suivi a été envoyée sur les téléphones près de deux heures après la première alerte.

« Il n’y a AUCUNE situation nucléaire active qui se déroule à la centrale nucléaire de Pickering », pouvait-on lire. « L’alerte précédente a été diffusée par erreur. Il n’y a aucun danger pour le public ou l’environnement. Aucune autre action n’est requise. »

IMAGE TIRÉE DE TWITTER

L’alerte initiale avertissait qu’un incident s’était produit à la centrale, sans donner de détails. Le message précisait cependant qu’aucune fuite ni trace de radioactivité anormale n’avait été décelée et qu’aucune mesure particulière n’était requise dans l’immédiat.

Le porte-parole d’OPG, Neal Kelly, a déclaré que le public n’avait jamais été en danger et qu’il n’y avait eu aucun incident à la centrale nucléaire, mais il a refusé de dire qui avait autorisé la diffusion de l’alerte.

« Ce que je peux vous dire, c’est que nous travaillons avec la province pour enquêter », a-t-il affirmé. « L’alerte a été lancée par erreur. Nous déterminerons donc dans les prochains jours pourquoi cette alerte a été diffusée. »

Des alertes jusqu’à Ottawa

L’alerte initiale s’adressait aux personnes se trouvant à moins de 10 kilomètres de la centrale située à l’est de Toronto, mais elle a été transmise à certaines personnes qui se trouvaient bien plus loin, notamment à Ottawa.

Le maire de Pickering, Dave Ryan, a réclamé une enquête approfondie sur ce cafouillage.

« Comme beaucoup d’entre vous, j’ai été très troublé en recevant cette alerte d’urgence ce matin. Bien que je sois soulagé qu’il n’y ait pas eu d’urgence réelle, je suis contrarié qu’une telle erreur se soit produite. J’ai parlé [au gouvernement ontarien] et je demande qu’une enquête complète soit menée », a écrit M. Ryan sur Twitter.

La vérificatrice générale de l’Ontario avait souligné des problèmes liés à la gestion des urgences dans la province dans son rapport annuel de 2017. Bonnie Lysyk avait alors estimé que les programmes provinciaux de gestion des urgences devaient être mieux supervisés et coordonnés.

L’Ontario n’a pas de système coordonné de transmission de l’information dans les situations d’urgence, a écrit la vérificatrice. La province a tenté d’en implanter un en 2009 mais a mis fin au projet six ans plus tard, « après avoir dépensé environ 7,5 millions de dollars sans qu’il ne soit jamais mis en service », selon Mme Lysyk.

La centrale de Pickering est en activité depuis 1971 et devait être déclassée cette année, mais l’ancien gouvernement libéral — et l’actuel gouvernement progressiste-conservateur — se sont engagés à la garder ouverte jusqu’en 2024. Le déclassement devrait commencer en 2028.

La centrale comprend six réacteurs CANDU, produit 14 % de l’électricité de l’Ontario et est responsable de 4500 emplois dans la région, selon OPG.