(Ottawa) Une enquête interne du ministère de la Défense nationale révèle que les bases de l’armée canadienne sont aux prises avec de nombreux problèmes, dont une pénurie de personnel.

Même si les bases des Forces armées canadiennes (FAC) jouent un rôle crucial dans les opérations militaires au Canada et à l’étranger, elles sont la dernière priorité de l’armée lorsque vient le temps d’assigner les soldats qui sont entraînés et en bonne santé.

Ces soldats sont plutôt choisis pour diriger ou participer à des missions, pour recruter et former de nouveaux membres et pour s’occuper de la logistique des équipements militaires.

« La priorité en dotation des bases a entraîné une pénurie des membres des FAC dans les postes précisés », peut-on lire dans un document publié sur le site du ministère de la Défense nationale.

« L’accent mis sur la dotation pour les postes de catégorie élevée avec du personnel opérationnel entraîne une pénurie de personnel absorbée par les unités de catégorie inférieure comme les bases. »

Lorsque des soldats sont blessés, en permission ou sont indisponibles pour d’autres raisons, ils sont souvent remplacés par des soldats en santé. Ce mode de priorisation des troupes crée donc un vide encore plus grand dans les bases de l’armée en sol canadien.

Ainsi, la plupart des bases en sol canadien fonctionnent avec environ 75 % de leurs effectifs qui sont en mesure de travailler. La base de Halifax est dans une situation particulièrement inquiétante, puisque seulement 62 % de ses effectifs sont aptes au travail.

En plus de mettre en péril certaines opérations militaires et d’autres activités de l’armée, cette pénurie de personnel entraîne du « surmenage professionnel » chez les soldats qui travaillent dans ces bases.

« En règle générale, les FAC utilisent les affectations aux bases pour offrir un milieu de travail moins stressant et plus stable [à ses] membres, leur permettant ainsi de se rapprocher de leur famille », peut-on lire dans le document.

Toutefois, « les personnes interrogées [lors de l’enquête interne] ont déclaré que la pénurie de personnel et l’augmentation de la charge de travail et du stress qui en résulte ont des répercussions négatives sur la qualité de vie ».

Rétention difficile à long terme

Ces effets négatifs nuisent à l’armée dans ses recherches pour recruter du nouveau personnel. Ils font aussi en sorte qu’il est difficile pour l’armée de garder ses membres dans ses rangs sur une longue période, un problème qui a été soulevé dans le passé.

Dans un communiqué transmis à La Presse Canadienne, un porte-parole du ministère de la Défense, Daniel Le Bouthillier, a indiqué qu’en dépit de la pénurie de personnel, les bases de l’armée continuent à fournir le soutien nécessaire lors des opérations.

« Il y a malgré tout des gestes qui sont déjà posés pour régler les problèmes de manque de personnel évoqués », a-t-il ajouté.

Les enquêteurs ont aussi constaté un manque de communication entre les dizaines de bases militaires situées un peu partout au pays et le quartier général de la Défense nationale.

Il est notamment spécifié dans le rapport que les commandants des bases « exercent une certaine influence, mais n’ont aucun contrôle quant aux décisions relatives aux infrastructures des bases ».

« En raison des priorités divergentes, cette division des pouvoirs peut entraîner des difficultés dans la résolution des enjeux en matière de sécurité et d’environnement liés à l’infrastructure », notent les enquêteurs.

« Par conséquent, les employés ont soulevé des préoccupations et des griefs par l’entremise des chaînes de commandement au sujet de l’entretien inadéquat des installations (la gestion de l’amiante par exemple) et de l’absence de consultation avec le personnel civil. »

L’enquête met aussi en lumière le manque de soutien technologique dans les bases depuis que Services partagés Canada a pris en charge les systèmes de la majorité de l’appareil fédéral en août 2011.

En effet, l’enquête souligne que le quart des demandes envoyées à Services partagés Canada restent ouvertes pendant plus de 180 jours.