(Ottawa) De nouvelles données montrent à quel point la paralysie d’une partie du système de l’immigration à cause de la COVID-19 a bouleversé la vie de milliers de personnes.

Les statistiques indiquent que les approbations pour les demandes d’immigration ont chuté d’environ les trois quarts dans la période du début du confinement au Canada par rapport aux premiers mois de l’année.

Si des changements ne sont pas apportés rapidement dans les processus, affirme la députée néo-démocrate Jenny Kwan, un arriéré se constituera qui prendra des années à rattraper. Ainsi, des familles ne seront pas réunies et de nouveaux travailleurs ne seront pas en mesure de s’amener au Canada, a-t-elle fait valoir.

Qui plus est, cela compromettra sérieusement le plan libéral fort médiatisé pour accueillir 401 000 nouveaux résidants permanents l’an prochain, a-t-elle souligné.

« Pour laisser croire que ces niveaux deviendront réalité d’une quelconque façon, ils doivent être absolument inconscients à l’égard de ces cibles », a affirmé la députée du NPD.

Ces données ont été présentées à la Chambre des communes en réponse à une question de la porte-parole néo-démocrate en matière d’immigration.

Elles montrent que du mois de janvier jusqu’au 15 mars, 81 963 personnes ont obtenu l’approbation pour leurs demandes de résidence permanente ou temporaire.

Du 16 mars au 31 août, une période deux fois plus longue, le nombre a glissé à 38 652.

Parallèlement, le nombre de prolongations de séjour accordées à des gens avec des permis en main a explosé.

Du mois de janvier au 15 mars, 20 080 permis d’études ont été prolongés, et dans les mois subséquents, 111 595 prolongations ont été approuvées. Les prolongations pour les permis de travail et les visas temporaires ont aussi bondi.

Le fait qu’un si grand nombre de prolongations sont accordées, tandis que s’empilent les nouvelles demandes, nécessite une attention immédiate, selon Mme Kwan.

« J’appelle le ministère et exhorte fortement le ministre à instaurer une mesure particulière à la COVID qui accordera des prolongations sans aucune exigence additionnelle de renouvellement de la part des demandeurs », a-t-elle affirmé.

Si le gouvernement rend ces prolongations automatiques, le personnel du ministère pourra s’attarder à traiter de nouvelles demandes et éviter le risque d’un arriéré qui pourrait prendre des années à rattraper, a dit Mme Kwan.

Les données semblent poindre vers ce retard : en janvier, le ministère avait un inventaire de 405 375 dossiers, et à la fin août, ce bilan s’établissait à 439 526.

Les familles sont parmi les plus durement touchées puisque leurs demandes ne peuvent pas être soumises en ligne, a souligné la députée néo-démocrate. Les statistiques indiquent que seulement 163 demandes pour le parrainage d’un membre de la famille ont été soumises du 15 mars à la fin août. Mme Kwan affirme que cela semble indiquer que les dossiers s’empilent dans les salles du courrier sans qu’il y ait le personnel pour les ouvrir, et que le véritable arriéré pourrait être beaucoup plus important.

Dans une réponse à Mme Kwan, le ministère de l’Immigration souligne que dans le début de la pandémie, ses ressources en personnel avaient chuté à 38 %.

La plupart des activités gouvernementales ont été stoppées tandis qu’on demandait aux fonctionnaires à travers le pays de demeurer à la maison et qu’à l’étranger, des bureaux consulaires fermaient leurs portes temporairement.

Le ministère a indiqué qu’à la fin septembre, la capacité était revenue à 90 %, incluant le personnel toujours en télétravail.

En annonçant le plan du gouvernement en matière d’immigration pour l’année prochaine, le ministre Marco Mendicino a déclaré qu’on travaillait actuellement à renforcer le système.

« Nous accélérons la production, nous mettons en place les ressources additionnelles, nous optimisons la technologie en misant plus sur le numérique », a déclaré le ministre, le 30 octobre.

« Et nous nous assurons d’avoir la flexibilité dans nos processus pour faire en sorte qu’il y ait une issue plus rapide et plus expéditive pour les gens qui veulent venir au Canada », a-t-il ajouté.