(Ottawa) Les Canadiens d’un océan à l’autre marqueront le jour du Souvenir mercredi, prenant encore une fois un moment pour honorer ceux qui ont donné leur vie pour défendre le Canada, ses valeurs et ses principes.

Pourtant, un autre groupe de Canadiens ayant servi en uniforme suscite de plus en plus d’inquiétudes, les organisations d’anciens combattants mettant en garde contre les conséquences financières, émotionnelles et physiques de la COVID-19 pour les personnes souffrant de blessures liées au service militaire.

« La seule chose qui est certaine avec la COVID, c’est l’incertitude », a noté Oliver Thorne, directeur général du Veterans Transition Network de Vancouver, qui travaille avec d’anciens militaires aux prises avec un traumatisme psychologique.

« Et l’incertitude engendre l’anxiété, le stress et la dépression. Ce que nous constatons chez de nombreux vétérans, c’est que l’incertitude causée par la COVID, que ce soit lié à leurs finances, leur santé, leur emploi, cela a vraiment un impact négatif. »

Les inquiétudes au sujet des anciens combattants canadiens handicapés sont apparues pour la première fois au printemps, alors que le pays était confiné en raison de la pandémie. Une partie de cette situation s’est atténuée alors que l’été a vu bon nombre de ces restrictions levées, mais la deuxième vague et l’hiver imminent ont ressuscité ces craintes.

Les préoccupations touchent autant les anciens combattants handicapés qui ne peuvent pas obtenir la physiothérapie ou la réadaptation dont ils ont besoin pour des blessures physiques que les anciens militaires souffrant d’un trouble de stress post-traumatique qui passent entre les mailles du filet, sans thérapie ni soutien en personne.

De nombreux anciens combattants ont également du mal à demander une aide fédérale parce qu’ils ne peuvent pas voir de médecin, tandis que ceux qui ont présenté une demande attendent de plus en plus longtemps pour savoir s’ils sont admissibles à l’aide alors que le gouvernement a du mal à faire face à un arriéré de demandes.

La pandémie a également fait des ravages sur les finances des organisations d’anciens combattants comme la Légion royale canadienne, qui doit fermer des succursales partout au pays en attendant une aide fédérale. Et la COVID-19 a tué des dizaines d’anciens combattants plus âgés dans des établissements de soins de longue durée.

L’une des plus grandes préoccupations concerne les anciens combattants qui souffrent d’un trouble de stress post-traumatique et d’autres blessures psychologiques. Pendant des années, on a dit à ces anciens combattants de ne pas s’isoler, mais plutôt de sortir de chez eux et de communiquer avec différents programmes de soutien.

« Nous voyons beaucoup le problème de l’isolement dans la communauté des anciens combattants », dit M. Thorne. « Ils ne veulent pas tendre la main et demander de l’aide, en particulier parce que l’armée est une culture basée sur la force. Et donc l’auto-isolement est une stratégie très courante. »

Mais on dit maintenant aux anciens combattants, comme à tous les Canadiens, de limiter leurs contacts avec quiconque en dehors de leur foyer immédiat. Au même moment, les thérapies et les services de soutien ont été largement déplacés en ligne.

« Nous avons un réseau de 25 psychologues et conseillers à travers le Canada qui offre nos programmes », dit M. Thorne. « Plusieurs d’entre eux ont dû fermer temporairement leurs bureaux ou se connecter en ligne, et ils ont constaté de fortes réductions du nombre de personnes qui accédaient à leurs services. »

Anciens Combattants Canada, la Légion et d’autres affirment qu’ils se sont activement adressés aux anciens combattants qui courent peut-être un risque particulièrement élevé. Le Veterans Transition Network a également adapté ses programmes en personne afin que les anciens militaires puissent y accéder à domicile.

La demande a jusqu’à présent été élevée pour les programmes en ligne du réseau, dit M. Thorne, et 400 anciens combattants sont sur une liste d’attente.

« Mais la réalité est que non, nous ne pouvons pas livrer tout ce que nous voulons à cause de ce virus. C’est beaucoup mieux que de s’isoler. C’est bien mieux que l’alcool comme mécanisme d’adaptation. C’est mieux que rien du tout. Mais ça ne va pas être aussi puissant qu’un service offert en personne. »