(Ottawa) Les chefs de partis fédéraux ont rappelé jeudi que les Canadiens pouvaient toujours honorer le sacrifice des anciens combattants même si les évènements traditionnels du jour du Souvenir sont restreints cette année à cause de la pandémie.

Les chefs de partis se sont levés tour à tour en Chambre pour rendre hommage aux anciens combattants avant les commémorations du 11 novembre, jour du Souvenir. Les évènements publics sont considérablement réduits cette année, mais le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que les Canadiens n’ont pas besoin de se demander comment le pays peut rendre hommage aux vétérans, car cela se produit déjà.

« Nous le voyons chez les jeunes qui font l’épicerie des anciens combattants plus âgés pour assurer leur sécurité, nous le voyons chez les travailleurs de première ligne qui, après des heures debout, les pieds fatigués, n’abandonnent jamais, car ils prennent soin de nos parents et grands-parents », a-t-il affirmé.

Le chef conservateur, Erin O’Toole, qui a servi dans l’Aviation royale canadienne, a souligné qu’on pouvait rendre hommage aux anciens combattants au-delà des rassemblements traditionnels aux cénotaphes et aux défilés de vétérans. Il a appelé les Canadiens à partager leurs réflexions sur les médias sociaux, à porter le coquelicot — même si peu de gens le verront, en confinement — et à en apprendre davantage sur l’histoire militaire canadienne.

M. O’Toole a également rendu hommage aux nombreux soldats encore en service ou à la retraite qui souffrent de blessures psychologiques « invisibles », et qui pourraient ressentir une douleur plus vive lors du jour du Souvenir cette année, alors que le manque d’évènements communautaires les tient isolés. « Mais vous n’êtes jamais seuls : nous sommes avec vous. Votre pays est avec vous », a-t-il dit. « Vous avez des amis et des camarades qui veulent que vous leur tendiez la main […] Vous êtes aimés, nous sommes tous là pour vous. Vous allez traverser cette semaine, tout comme notre pays va traverser cette pandémie. »

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a rappelé que « dans les nouvelles formes d’agression qui caractérisent notre monde », des civils sont aussi tués « simplement pour avoir exprimé leurs valeurs, partagé leurs connaissances » — une référence à l’assassinat en France d’un enseignant qui avait montré en classe des caricatures de Mahomet.

« Ces gens-là aussi devront avoir droit à notre souvenir », a dit M. Blanchet. « Aujourd’hui, il y a des batailles qui se mènent pour nos libertés — toutes les formes, toutes les formes que peuvent prendre nos libertés. Je veux dire à tous ces gens, de toutes les époques : je me souviens. »

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a de son côté rappelé que le Parlement avait également un rôle à jouer : les décisions sur l’opportunité, la manière et le moment d’envoyer des soldats à la guerre doivent être prises au sérieux, tout comme la manière dont le gouvernement traite ceux qui en reviennent, a-t-il dit.

M. Singh a déploré que « trop souvent », le Canada ne traite pas bien les anciens combattants. « Ils sont confrontés à de longs délais d’attente, à des refus et à d’autres obstacles aux services et au soutien dont ils ont besoin », a-t-il déclaré. « Ce n’est pas — ou ça ne devrait pas être — une question partisane : nous pouvons toujours nous améliorer, et nous nous assurerons toujours de le faire. »