(Washington) Sans grande surprise, Ottawa et Washington ont prolongé lundi d’un autre mois leur entente sur la fermeture de la frontière terrestre entre le Canada et les États-Unis, malgré des signes d’impatience grandissante au sud de la frontière.

Au moins jusqu’au 21 novembre, donc, les passages à cette frontière ne seront permis qu’aux voyageurs essentiels, comme les camionneurs ou les travailleurs de la santé. Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Bill Blair, en a fait l’annonce sur son fil Twitter lundi matin. « Nos décisions continueront d’être fondées sur les meilleures recommandations de santé publique disponibles pour assurer la sécurité des Canadiens », a-t-il écrit.

Cette frontière est fermée depuis le 18 mars afin de limiter les risques de propagation du coronavirus. Les deux pays prolongent depuis, de mois en mois, cette fermeture. La pandémie de COVID-19 a fait jusqu’ici plus de 224 000 morts aux États-Unis et plus de 9700 morts au Canada. Les « voyages discrétionnaires », comme les vacances, les excursions d’un jour ou le magasinage, sont donc toujours interdits par voie terrestre. Ottawa a par ailleurs ajouté certaines exemptions pour réunir les membres d’une famille élargie.

Mais malgré les signes alarmants d’un retour de la pandémie, et à l’aube d’un temps plus froid et de la grippe saisonnière, le président Donald Trump et son administration persistent à minimiser les risques et ils évoquent franchement la levée de ces restrictions le plus tôt possible. « Nous travaillons en étroite collaboration avec le Mexique et le Canada pour identifier des critères sécuritaires afin d’alléger les restrictions et soutenir nos communautés aux frontières », indiquait encore lundi le secrétaire par intérim du département de la Sécurité intérieure, Chad Wolf, dans un communiqué.

Les Canadiens pas pressés d’y aller

Le secrétaire d’État, Mike Pompeo, reprenait la semaine dernière l’affirmation du président Trump, qui soutenait le mois dernier que le Canada souhaitait reprendre les voyages non essentiels — un sentiment qui est en contradiction avec l’opinion publique au Canada et la position officielle à Ottawa. « Nous travaillons à la création d’un ensemble de protocoles internationaux afin de pouvoir faire ce qu’il faut, faire en sorte que les gens restent en sécurité et en bonne santé, mais aussi que les gens puissent faire ce qu’ils doivent faire pour prendre soin de leur famille et de leur entreprise », soutenait M. Pompeo dans une entrevue à une station de radio de Detroit, à la frontière avec l’Ontario.

Un sondage mené en ligne par Léger pour l’Association d’études canadiennes suggérait la semaine dernière que même une fois les restrictions levées, deux Canadiens sur trois ne seraient pas à l’aise de voyager aux États-Unis. Les plus fortes réserves étaient exprimées en Ontario et en Colombie-Britannique (77 %), alors que les répondants du Québec et du Canada atlantique étaient un peu moins inquiets (63 % et 65 %). Les experts en recherche et en méthodologie estiment qu’il est impossible d’attribuer une marge d’erreur à un sondage réalisé en ligne, puisque la méthode d’échantillonnage est non probabiliste.

Le premier ministre Justin Trudeau déclarait la semaine dernière que les restrictions ne seraient pas assouplies tant qu’il n’y aura pas de preuves claires que la pandémie ralentit aux États-Unis. « Nous continuons de prolonger les fermetures de frontières parce que les États-Unis ne sont pas prêts », a déclaré M. Trudeau au balado The Start de Global News.

Le président Trump, cependant, semble voir les choses d’un autre oeil : il a laissé entendre le mois dernier que la frontière rouvrirait d’ici la fin de l’année. « Le Canada aimerait rouvrir et vous savez, nous voulons revenir aux affaires normales », a-t-il déclaré. « Nous avons un bon accord commercial en ce moment, et nous allons donc ouvrir les frontières très bientôt. »