(Ottawa) De ne pas reconnaître le racisme systémique dont sont victimes les Autochtones empêche d’avoir « des politiques appropriées » pour améliorer les soins de santé des Premières Nations, de l’avis du ministre fédéral des Services aux Autochtones, Marc Miller.

Le ministre rappelle ainsi ses couleurs à la veille d’une réunion qu’il a lui-même convoquée sur le racisme que subissent les Autochtones dans les soins de santé.

Cet évènement qui se tiendra de manière virtuelle, vendredi, doit réunir quelque 200 personnes dont le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, le chef de la communauté atikamekw de Manawan, Jean-Roch Ottawa, ainsi que les ministres québécois Ian Lafrenière et Marguerite Blais.

Le gouvernement de François Legault a, jusqu’à maintenant, refusé de faire sienne l’expression « racisme systémique ». Le ministre Miller a donc répété les reproches qu’il lui adresse.

« Le fait de ne pas reconnaître le racisme systémique continue de blesser le peuple atikamekw qui le vit à chaque jour et qui l’a vécu de façon aiguë en voyant la mort de Joyce Echaquan », a martelé le ministre, jeudi.

« Ne pas reconnaître l’existence du racisme systémique empêche […] d’avoir des politiques qui sont appropriées pour enrayer le racisme systémique. […] On ne peut pas régler ce problème en congédiant deux, trois personnes », a-t-il dit.

« Le système de santé a laissé tomber et abandonné Joyce Echaquan », a accusé le ministre.

« Ce système a laissé tomber et abandonné les peuples autochtones. C’est un échec de la part de tous les niveaux de gouvernement », a jugé M. Miller.

Il a souligné qu’il serait « naïf » de croire que le problème sera réglé après une seule rencontre.

« Le racisme tue et le racisme systémique tue systématiquement. Le gouvernement fédéral ne peut unilatéralement adopter et mettre en œuvre les changements nécessaires pour répondre à ces problèmes », a-t-il dit, soulignant son « devoir moral » de rassembler ceux qui « peuvent faire une différence ».

Le ministre Miller et le ministre québécois des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, se sont parlé le week-end dernier et selon le ministre fédéral, ils se sont promis de se dire clairement leurs désaccords. M. Miller croit néanmoins que Québec compte poser des gestes concrets.

« C’est eux qui ont beaucoup de leviers et je suis content de savoir qu’ils vont s’attaquer au problème », a-t-il dit.

Joyce Echaquan est morte à l’Hôpital de Joliette le 28 septembre. Elle avait diffusé, en direct, les insultes que deux employées de l’hôpital lui avaient lancées alors qu’elle avait besoin de soins médicaux.

C’est ce drame qui a poussé le ministre Miller à convoquer la réunion de vendredi.

Le ministre Miller avait convoqué la presse jeudi pour donner le plus récent bilan du nombre de personnes infectées par le nouveau coronavirus dans les communautés autochtones.

« Ces chiffres sont troublants », a-t-il dit après avoir énuméré les statistiques.

« En date du 14 octobre, nous savons qu’il y a 209 cas actifs de COVID-19 dans les communautés des Premières Nations vivant dans les réserves », a rapporté le ministre.

« Au Nunavik, au Québec, on dénombre un total de 28 cas positifs confirmés chez les Inuits. Tous se sont rétablis, sauf cinq », a-t-il noté.

Depuis le début de la pandémie, on a donc compté 906 cas confirmés ; 684 personnes se sont rétablies et on déplore 13 décès.