(Ottawa) Le gouvernement fédéral a été interpellé pour suspendre ses négociations commerciales avec le Brésil après une autre saison estivale marquée par des incendies records dans la forêt amazonienne.

De nouvelles données de l’agence spatiale brésilienne montrent que la dévastation de l’Amazonie a surpassé celle de 2019, qui était elle-même 30 % plus étendue que l’année précédente.

La France et l’Allemagne ont toutes deux mis un frein à la ratification d’un accord de libre-échange entre l’Europe avec le bloc Mercosur, qui comprend le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay.

Selon la responsable de campagne de Greenpeace Canada Reykia Fick, le Canada devrait à son tour se retirer des négociations commerciales avec le Mercosur.

« Le gouvernement ne devrait pas récompenser la destruction de l’Amazonie, plaide-t-elle. Il ne peut pas ouvrir le marché aux produits qui sont précisément à l’origine des incendies dévastateurs en Amazonie et de la déforestation et de la destruction qui se poursuivent sous nos yeux, tout en prétendant prendre ses responsabilités en matière de changements climatiques. »

Le Canada a déjà écarté de telles revendications l’an dernier, affirmant que la diversification de ses partenaires commerciaux était essentielle et que toute entente inclurait des protections environnementales.

Ottawa avait commencé à explorer l’idée de pourparlers avec le Mercosur en 2017 et les négociations officielles ont commencé un an plus tard. Six rondes de négociation ont eu lieu entre mars 2018 et juin 2019, mais aucune discussion n’a eu lieu depuis, précise Ryan Nearing, attaché de presse de la ministre du Commerce international, Mary Ng.

« Nous reconnaissons que la santé des forêts de la région est d’une grande importance pour le bien-être de la planète, et nous visons un chapitre environnemental ambitieux, complet et exécutoire dans le cadre d’un accord de libre-échange avec le Mercosur. »

Mais pour Reykia Fick, le Canada ne peut pas se poser en leader climatique tout en cherchant à conclure un tel accord de libre-échange.

« Dans ces circonstances, avoir des clauses ou un libellé ne fera pas l’affaire, affirme la militante. L’accord commercial est fondamentalement vicié et il doit être abandonné. »

Le Brésil est le plus gros exportateur de bœuf au monde, bien que ses exportations de viande vers le Canada soient limitées. En 2018, environ 30 millions de bœuf ont été importés au Canada en provenance du plus grand pays d’Amérique latine, comparativement aux plus de 3 milliards de bœuf importés en Chine.

En juillet dernier, la Confédération de l’agriculture et de l’élevage du Brésil a toutefois souligné qu’un accord de libre-échange pourrait faire passer les exportations de viande vers le Canada à plus de 1,8 milliard.

Les ranchs de bétail sont responsables d’une grande partie de la destruction de la forêt amazonienne, que l’on défriche pour faire place à plus de pâturages. De nombreux incendies auraient été provoqués illégalement par des éleveurs pour avoir accès à encore plus de terres.

Bien que le président brésilien Jair Bolsonaro a déployé l’armée pour essayer de mettre fin à ces brasiers, la forêt continue de partir en fumée, à un rythme d’environ deux ou trois terrains de football chaque minute. Jair Bolsonaro a d’ailleurs été élu en s’engageant à procéder au développement rapide de l’Amazonie. Il promeut des plans pour construire des ponts, des autoroutes, des barrages, des mines et des opérations d’exploitation forestière.

L’Amazonie est responsable de la production de jusqu’à un cinquième de l’oxygène à l’échelle mondiale et stocke du dioxyde de carbone qui entraînerait autrement une accélération significative du réchauffement planétaire.