Ils ont détruit la vie des Autochtones pendant plus d’un siècle. Maintenant, leur création est officiellement reconnue comme l’un des évènements qui ont contribué à façonner le Canada d’aujourd’hui.

Le gouvernement fédéral a inscrit les pensionnats autochtones sur la liste officielle des évènements historiques nationaux. Deux des écoles, une en Nouvelle-Écosse et une au Manitoba, ont été nommées lieux historiques nationaux.

« Raconter l’histoire, ce n’est pas seulement raconter les bonnes choses », a déclaré le ministre fédéral de l’Environnement, Jonathan Wilkinson, également responsable des sites et monuments historiques.

« Il s’agit également de raconter les choses plus difficiles — commémorer et comprendre l’histoire. Il ne s’agit pas de célébrer. »

Les écoles, qui ont fonctionné des années 1870 aux années 1990, s’ajoutent à une liste de 491 autres évènements historiques canadiens importants. Il est grand temps qu’ils soient ajoutés à une liste qui mentionne à la fois le Stampede de Calgary et le Canadien de Montréal, estime Ry Moran du Centre national pour la vérité et réconciliation de l’Université du Manitoba.

« Il y a eu une grave sous-représentation des lieux, évènements, personnes et sites autochtones reconnus par la Commission des lieux et monuments historiques, a-t-il dit.

« Il est essentiel que quelque chose d’aussi important que les pensionnats autochtones soit reconnu. »

Cette reconnaissance faisait partie des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation. D’autres désignations de ce genre pourraient être ajoutées, a noté M. Wilkinson.

« C’est certainement le début. »

L’une des deux écoles désignées se trouve sur les terres de la Première Nation de Long Plain, près de Portage la Prairie, au Manitoba.

« Ils ont une grande importance historique pour tous les Canadiens », a déclaré le chef Dennis Meeches, dont la mère, le père et le grand-père ont tous fréquenté le pensionnat.

La Première Nation est propriétaire de l’école, qui abrite des bureaux et un petit musée des pensionnats. Un jardin commémoratif et une statue sont prévus.

M. Meeches a indiqué que le groupe aimerait créer un musée national sur le site.

« [En ce qui concerne] les sites historiques des peuples autochtones, il y a beaucoup de fausses vérités — même dans les livres d’histoire. Nous avons beaucoup de travail à faire. »

La deuxième école désignée, à Shubenacadie, en Nouvelle-Écosse, a été démolie il y a longtemps et une usine de plastique se trouve là où elle était située. Mais elle n’a pas été oubliée, a lancé la survivante Doreen Bernard.

« Ma grand-mère, mes parents, leurs frères et sœurs, ainsi que moi et mes frères et sœurs y sommes tous allés », a-t-elle raconté. « Nous avons vécu beaucoup de choses là-bas. »

« Ce que nous avons perdu — notre langue, notre éducation traditionnelle, beaucoup de choses qui seraient normalement transmises dans notre culture — nous essayons toujours de le récupérer. Je travaille toujours sur ces choses. »