(Ottawa) Le gouvernement iranien lancera en octobre des pourparlers avec le Canada et d’autres pays qui ont perdu des citoyens lorsque l’armée iranienne a abattu un avion de ligne civil plus tôt cette année, a annoncé le chef de l’organisation de l’aviation civile du pays.

Touraj Dehqani Zangeneh a déclaré à l’agence de presse officielle iranienne que le gouvernement iranien était prêt à payer une indemnisation complète aux familles des 176 personnes tuées dans l’accident, dont 55 Canadiens et 30 résidents permanents.

Le 8 janvier, un avion de la compagnie Ukraine International Airlines avait été abattu peu de temps après son décollage de l’aéroport de Téhéran. L’Iran a d’abord nié sa responsabilité dans la tragédie avant d’admettre — face aux preuves croissantes et à la pression internationale — que l’appareil s’est écrasé après avoir été touché par deux missiles iraniens.

« Ce qui est évident, c’est que l’Iran a accepté la responsabilité de son erreur et que le pays est donc prêt pour des négociations sur le paiement d’une compensation complète pour ce (qu’il a) fait », a déclaré M. Zangeneh à l’agence de presse de la République islamique.

Le Canada, ainsi que les autres pays dont des citoyens qui prenaient place à bord du vol PS752 ont été tués — la Grande-Bretagne, la Suède, l’Afghanistan et l’Ukraine — ont signé le 2 juillet un accord dans lequel ils s’engagent à travailler ensemble pour forcer l’Iran à verser des indemnités aux familles des victimes.

La nouvelle des pourparlers sur d’éventuels dédommagements survient alors que l’Organisation de l’aviation civile iranienne a publié dimanche une déclaration de M. Zangeneh en persan au sujet des données téléchargées à partir des enregistreurs de vol et de voix du Boeing 737.

Les boîtes noires sont devenues un élément central des efforts visant à réellement comprendre les circonstances entourant la destruction du vol PS752, l’Iran s’étant traîné les pieds pendant des mois avant de finalement les transférer à la France pour qu’elles soient analysées le mois dernier.

Les boîtes n’ont enregistré que 19 secondes de conversation après la première explosion, selon la déclaration de M. Zangeneh, même si le deuxième missile a touché l’avion 25 secondes plus tard.

Les membres d’équipage de cabine étaient toujours en vie après le premier missile frappé et « ont remarqué des circonstances inhabituelles », selon le communiqué, qui ajoutait que des responsables canadiens étaient présents pendant que les données tirées des boîtes noires étaient analysées en France.

Le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, a déclaré dimanche à la Presse canadienne dans une entrevue qu’il était tenu informé de ce qui est découvert.

Une association représentant les familles des personnes tuées à bord du vol PS752 a rejeté la déclaration de M. Zangeneh, affirmant qu’elle soulevait plus de questions que de réponses, notamment pourquoi l’unité antiaérienne iranienne avait tiré un deuxième missile sur l’avion civil.

« Nos questions importantes concernant la raison du décollage retardé et les communications du pilote dans l’heure, qui auraient dû être incluses dans le rapport des boîtes noires, sont également restées manifestement sans réponse », a déclaré l’Association des familles des victimes du vol PS752 dans un communiqué.

De nombreuses familles de victimes ont rejeté dès le départ les affirmations du gouvernement iranien sur les circonstances entourant la chute de l’avion de ligne, et ont plutôt appelé à une enquête indépendante pour s’assurer que les responsables sont imputables.

Ils ont également déclaré que la vérité sur les circonstances du drame doit être connue avant le début de toute discussion sur les indemnisations.

Le vol PS752 a été abattu la même nuit que l’Iran a lancé une attaque de missiles balistiques visant des soldats américains en Irak — une réponse à la frappe de drone américain qui a tué un éminent général iranien, Qassem Soleimani, à Bagdad le 3 janvier.

Un rapport iranien a identifié des erreurs de ce qu’il semblait décrire comme une tragédie évitable, à commencer par le fait que des missiles sol-air qui ciblaient le Boeing 737-800 ont été déplacés et mal réorientés.

Les responsables de ces missiles ne pouvaient pas non plus communiquer avec leur centre de commandement, selon le rapport. Ils ont également identifié à tort le vol civil comme une menace et ont ouvert le feu à deux reprises sans obtenir l’approbation de leurs supérieurs.

Le rapport ne dit pas pourquoi l’armée iranienne a déplacé le système de défense aérienne, mais note que le vol ukrainien n’a rien fait d’extraordinaire jusqu’au lancement du missile, avec son transpondeur et d’autres données qui dont été transmises.