(Winnipeg) La direction du Musée canadien pour les droits de la personne s’est excusée après qu’un rapport indépendant a révélé que des employés avaient été victimes de racisme systémique et d’autres mauvais traitements alors qu’ils travaillaient à l’institution de Winnipeg.

« Je m’excuse qu’il ait fallu une crise publique pour que l’organisation réfléchisse sérieusement aux problèmes de racisme systémique, d’homophobie et d’autres formes d’oppression », a déclaré mercredi Pauline Rafferty, présidente du conseil d’administration et directrice par intérim du musée.

Le rapport indépendant a examiné les allégations de racisme, d’homophobie et de censure formulées par des employés et d’ex-employés. Le musée a fermé ses portes mercredi et jeudi pour donner au personnel l’occasion d’étudier le rapport.

Des témoignages d’employés ont été publiés en ligne par un groupe intitulé « CMHR Stop Lying » après que le musée a publié des images d’un rassemblement « Justice for Black Lives » en juin. Des employés actuels et anciens ont soutenu qu’il était hypocrite de la part du musée d’évoquer le rassemblement Black Lives en raison du racisme auquel ils étaient confrontés au travail.

Des employés ont également révélé qu’ils avaient été forcés de censurer des expositions sur l’histoire des lesbiennes, gais, bisexuels, transgenres et queers à la demande de certains groupes scolaires qui ont visité le musée.

Ces témoignages ont provoqué la démission de l’ancien directeur John Young et ont mené à la formation d’un comité sur la diversité et l’inclusion et à une enquête externe.

L’avocate Laurelle Harris, de Winnipeg, a mené l’enquête.

Son rapport a révélé que le racisme est omniprésent et systémique au musée dans ses pratiques d’embauche, ses politiques et les actions des employés. Le rapport indique que le racisme a eu un impact physique, émotionnel et financier négatif sur les employés noirs, autochtones et les autres minorités visibles. Mme Harris a également noté des exemples de sexisme et d’homophobie.

Une diversité de façade

Le rapport indique que le personnel qui travaille directement avec le public est extrêmement diversifié, mais que la grande majorité des membres de la direction sont des personnes blanches et hétérosexuelles, ce qui a créé un « schisme culturel », les cadres supérieurs étant moins sensibles à l’impact de l’ethnicité, du sexe et de l’identité de genre.

De nombreux membres du personnel ont indiqué qu’« il y avait une tendance de la part de la direction à traiter le musée comme une société à but lucratif ayant pour objectif principal de générer des revenus au détriment de la santé de l’organisation et de la réalisation de son mandat », mentionne le rapport.

Il révèle que certains employés ont rapporté que des Noirs, des Autochtones et d’autres personnes issues des minorités visibles avaient été ignorés à plusieurs reprises pour des promotions. Des exemples de microagressions et d’application non uniforme du code vestimentaire du musée sont également mentionnés.

Le racisme de certains visiteurs envers des employés des minorités visibles est aussi relevé.

« Un interprète du programme a raconté avoir fait l’objet de moqueries par des visiteurs en chantant une chanson traditionnelle sur le tambour à main, indique le rapport. Un autre visiteur a demandé le nom de l’interprète du programme afin qu’elle puisse “prier” pour elle. »

Aucune mesure n’a été prise lorsque des attitudes racistes de certains visiteurs ont été signalées. Lorsque des problèmes ont été soulevés, certains employés ont déclaré que leur place au sein de l’institution avait été remise en question.

Le rapport contient 44 recommandations. Le conseil d’administration du musée entend agir immédiatement sur certaines d’entre elles, notamment l’obligation pour les administrateurs membres du conseil de prendre part à une formation contre le racisme et la révision des politiques pour les purger des préjugés, a déclaré Mme Rafferty.

Le musée créera également un poste de haut rang axé sur la diversité et l’inclusion. La direction du musée se concentrera aussi sur les pratiques d’embauche et la culture du lieu de travail, a-t-elle précisé.

« Nous nous réengagerons envers les valeurs sur lesquelles le Musée a été fondé, à savoir la dignité humaine et le respect, et en ferons une priorité. Notre façon de travailler sera aussi importante que l’œuvre elle-même. »