(Ottawa) Les représentants des Inuits et des Premières Nations exhortent Ottawa à mener un examen indépendant, et civil, des pratiques de la GRC, comme première étape pour s’attaquer au nombre d’incidents violents survenus récemment entre des Autochtones et des policiers fédéraux.

Des dirigeants autochtones et d’autres experts ont exprimé jeudi leurs points de vue devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes, chargé d’examiner « le racisme systémique au sein des services policiers au Canada ».

Les leaders ont soutenu que les relations sont brisées entre la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et les Autochtones. Selon eux, la police fédérale doit réexaminer la façon dont elle traite les citoyens, en particulier les personnes en situation d’itinérance et celles qui ont des problèmes de toxicomanie.

Terry Teegee, chef régional de l’Assemblée des Premières Nations pour la Colombie-Britannique, croit que les corps policiers doivent trouver de façon urgente des mesures moins punitives et plus réparatrices.

Il a réclamé une politique de tolérance zéro sur l’utilisation de la force, une plus grande utilisation des caméras corporelles et la création par le gouvernement fédéral d’un plan stratégique national pour un système judiciaire des Premières Nations.

« En réalité, ce que nous recherchons, c’est plus de justice réparatrice et davantage de recherche de réhabilitation et de solutions de rechange aux prisons », a déclaré M. Teegee.

Natan Obed, président de l’Inuit Tapiriit Kanatami, la grande association nationale qui représente les Inuits du pays, souhaite des politiques de « tolérance zéro » sur le recours à la force par les policiers, ainsi qu’une plus grande utilisation des caméras corporelles.

« Ce que nous voyons, c’est le maintien de l’ordre fondé sur des stéréotypes, a-t-il déclaré. Sans l’établissement d’une relation entre la GRC et les communautés, les Inuits ne seront pas considérés comme des personnes. Nous sommes vus à travers toutes les lentilles négatives de la société canadienne. »

Et cela contribue à un maintien de l’ordre inégal, à la fois excessif et insuffisant. Dans certains cas, on fait usage d’un recours à une force excessive, de l’autre côté, on se préoccupe peu de la disparition de femmes autochtones.

Un certain nombre d’appels ont également été lancés pour un plus grand nombre d’agents de la GRC des Premières Nations et des Inuits et pour des déploiements plus longs, en particulier dans les collectivités du Nord.

Mais ces idées pourraient être plus difficiles à mettre en œuvre, selon certains experts, car de nombreux Autochtones et Inuits souhaiteraient peut-être quitter leur village plutôt que revêtir l’uniforme de la GRC.

« Demander à un Autochtone de se former à une forme coloniale de maintien de l’ordre pour contrôler sa propre communauté, c’est vraiment lui demander de se retrouver avec une lutte d’identité interne avant même d’avoir son premier jour de travail », a déclaré Robert S. Wright, un sociologue qui a également parlé de violence policière disproportionnée contre les Canadiens noirs.

Terry McCaffrey, président de l’Association des chefs de police autochtones de l’Ontario, affirme que les pratiques de ces corps policiers, adaptées aux cultures autochtones, fonctionnent très bien, malgré un sous-financement chronique.

Il a exhorté Ottawa à tenir sa promesse de désigner les services de police des Premières Nations comme un service essentiel.

« Nous avons fait l’effort de s’assurer que nos services de police s’alignent sur les valeurs de notre communauté, au lieu d’essayer de forcer nos communautés à s’aligner sur les valeurs policières conventionnelles », a déclaré M. McCaffrey.