(Ottawa) L’Iran a promis lundi de remettre « sans plus tarder », pour analyse en France, les enregistreurs de bord de l’avion de ligne ukrainien abattu en janvier près de Téhéran et d’entamer des pourparlers avec les familles des victimes, a soutenu le gouvernement canadien.

Ottawa a déclaré que le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, avait fait cette promesse lors d’une conversation téléphonique lundi avec son homologue canadien, François-Philippe Champagne.

Un compte rendu de cet appel, publié par le ministre, indique que M. Champagne a souligné la nécessité d’une enquête complète et transparente sur l’écrasement du vol PS752 des lignes aériennes Ukraine International, abattu par l’armée iranienne peu de temps après son décollage de Téhéran le 8 janvier.

La tragédie a fait 176 morts, dont 55 citoyens canadiens et 30 résidents permanents. Le régime iranien est accusé depuis de refuser de coopérer aux efforts visant à enquêter sur l’accident et à exiger des comptes aux responsables, notamment en refusant d’abord de remettre les boîtes noires de l’appareil, puis en reniant sa promesse de le faire.

PHOTO DARRYL DYCK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Une affiche illustrant quelques-unes des personnes ayant succombé lors de l’écrasement du vol 752 d’Ukrainian Airlines, à Vancouver, le 19 janvier 2020.

Selon le compte rendu de l’appel téléphonique de lundi, le ministre Zarif aurait promis de faire part de ses progrès sur les boîtes noires cette semaine auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale.

Le ministre aurait également déclaré que l’Iran entamerait des négociations sur l’indemnisation des familles des victimes. Le ministre aurait promis de faire le point là-dessus avec le Canada et les autres pays demandeurs à l’occasion de la prochaine réunion du Groupe international de coordination et d’intervention.

Ce groupe réunit les pays qui ont perdu des ressortissants dans cette tragédie : le Canada, l’Ukraine, la Suède, l’Afghanistan et le Royaume-Uni.

Promesses non tenues

Le représentant de la République islamique à l’OACI avait promis en mars que les enregistreurs de vol seraient remis à l’Ukraine dans un délai de deux semaines. Cette promesse n’a pas été tenue et Téhéran a blâmé la pandémie de COVID-19.

Le représentant de l’Iran à Montréal, Farhad Parvaresh, a ensuite déclaré à La Presse canadienne, plus tôt ce mois-ci, que l’Iran contournerait l’Ukraine et enverrait les enregistreurs de vol directement en France, dès que toutes les parties qui voudraient être là lors de leur téléchargement pourraient voyager.

La semaine dernière, plusieurs familles de victimes ont exercé des pressions sur Ottawa en fondant l’Association des familles des victimes du vol PS752. Les familles veulent savoir ce qu’Ottawa fait pour forcer l’Iran à coopérer avec les enquêteurs.

Des représentants des familles prévoyaient interroger le ministre Champagne lors d’une prochaine réunion pour faire le point sur les plans d’Ottawa pour exiger des comptes à Téhéran. Ils souhaitent aussi que la Cour internationale de justice intervienne si l’Iran n’envoie pas en France les enregistreurs de données de vol.

L’Iran avait d’abord nié toute responsabilité dans la tragédie, avant d’admettre le rôle des militaires à un moment où les tensions étaient grandes entre Téhéran et Washington.