D’autres manifestations antiracistes sont prévues ce week-end dans plusieurs villes canadiennes pour dénoncer la violence policière contre les personnes noires.

Ces rassemblements s’inscrivent dans la vague d’indignation soulevée par les images de l’arrestation de George Floyd, cet Afro-Américain mort avec le genou d’un policier pressé contre son cou pendant près de neuf minutes, la semaine dernière, à Minneapolis.

Des centaines de manifestants ont marché samedi après-midi depuis l’hôtel de ville de Toronto pour s’agenouiller et observer un moment de recueillement devant le consulat américain, qui fait face à la Cour supérieure de l’Ontario. Des véhicules ont klaxonné au passage de la foule agenouillée, qui portait des pancartes sur lesquels on pouvait lire « Black lives matter », « Arrêtez de nous tuer » et « Pas de paix sans justice ».

PHOTO FRANK GUNN, THE CANADIAN PRESS

Des policiers de Toronto ont posé leur genou au sol pour soutenir les manifestants.

Un enquêteur du service de police de Toronto a posé son genou au sol aux côtés des participants, dans un moment empreint d’émotions.

« Ce ne sont pas des manifestants, ce sont des ambassadeurs de la paix », a-t-il déclaré en entrevue au réseau CP24.

Des vidéos prises au Square Nathan Phillips à l’extérieur de l’hôtel de ville, où le groupe a commencé sa manifestation, montrent des policiers qui escortent un homme arborant un « blackface ».

Les policiers affirment également avoir inculpé un homme d’agression après qu’un citoyen ait remarqué qu’un individu transportait un grand couteau.

La police de Toronto a déclaré que les policiers « avaient pris contact » avec le suspect, mais que ce dernier s’est enfui.

Les policiers l’ont retrouvé et jeune homme de 21 ans a été arrêté et accusé d’agression armée – bien que la police n’ait pas donné de détails sur l’agression présumée. L’individu a également été accusé de possession d’une arme et de port d’une arme dissimulée. La police allègue que l’homme avait trois couteaux sur lui.

Dans un groupe distinct, une centaine de manifestants se sont agenouillés, les poings en l’air, dans le parc Trinity Bellwoods, à l’ouest du centre-ville de Toronto, avant de se rendre à l’Assemblée législative de l’Ontario.

Le chef de la police, Mark Saunders, a déclaré qu’il espérait que les rassemblements suscitent de réels changements.

« Nous ne pouvons pas abandonner cette énergie », a-t-il déclaré. « Ils sont notre avenir. Ils nous regardent. Ils ont vu des choses qu’ils n’ont pas aimées. Tous ces changements progressifs, il doit y avoir de grands changements… Nous devons bien faire les choses. »

Une autre manifestation était en marche samedi à Niagara Falls, où le pont Whirlpool qui franchit la frontière canado-américaine sera fermé à la circulation non essentielle pour faire place aux protestataires.

Au Québec, une manifestation a attiré un millier de personnes à Trois-Rivières, a indiqué Le Nouvelliste.

À Saint-John’s, la capitale de Terre-Neuve-et-Labrador, la station de radio VOCM rapporte que plusieurs milliers de personnes se sont amassées en après-midi devant le siège de l’Assemblée législative.

Du côté de Montréal, une marche est prévue pour un deuxième dimanche consécutif au centre-ville.

Ses organisateurs ont retiré l’invitation au directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Sylvain Caron, samedi, après que des membres de la communauté noire se soient opposés à sa présence. Sur Twitter, le SPVM a dit respecter cette décision et rappelé que ses agents seront tout de même présents « pour assurer la sécurité de l’évènement ».

Des rassemblements parallèles auront lieu à Québec, face à l’Assemblée nationale, et à Sherbrooke, à la place de la Gare.

À Toronto, vendredi, une manifestation a attiré des milliers de participants qui se sont rendus à l’hôtel de ville en chantant et brandissant des signes sur lesquels on pouvait lire « Démilitarisez la police » et « Dites leur nom » – un slogan invitant la population à se souvenir des victimes de la brutalité policière.

Le maire de Toronto, John Tory, s’est réjoui du fait que la manifestation de vendredi est restée pacifique et a dit espérer que celle de samedi le serait également.

« Le message de ces manifestants est que nous devons impliquer tout le monde et mobiliser tous les efforts pour enrayer le racisme envers les personnes noires et autochtones ainsi que toute forme de discrimination dans cette ville, et en faire la ville la plus inclusive au monde », a-t-il déclaré samedi.

« C’est le message et il est clair et net. »

La médecin hygiéniste en chef de la ville, la Dr Eileen de Villa, a souligné les risques associés à ces rassemblements d’envergure en pleine pandémie de COVID-19.

Elle a exhorté les manifestants à maintenir une distance de deux mètres entre eux et à se couvrir le visage si ce n’est pas possible, mais aussi à prendre des précautions supplémentaires.

La docteure De Villa les a invités à se confectionner des pancartes et apporter des tambours plutôt que de crier afin d’éviter de projeter des gouttelettes dans l’air qui pourraient propager le virus.