(Montréal) Le ton des négociations s’envenime à l’Agence du revenu du Canada, alors que le syndicat vient de déposer une plainte contre l’employeur pour ingérence dans les affaires syndicales.

La plainte, dont La Presse canadienne a obtenu copie, a été déposée à la Commission des relations de travail et de l’emploi dans le secteur public fédéral — un tribunal quasi judiciaire — par l’Alliance de la fonction publique du Canada, à laquelle est rattaché le Syndicat des employés de l’impôt.

Le litige prend sa source dans un message aux employés portant sur l’état des négociations, qui a été transmis par l’Agence du revenu le 14 février, alors que les 27 500 syndiqués devaient commencer le 17 février à se prononcer sur un mandat de grève lors d’assemblées générales tenues un peu partout au pays.

Le syndicat a interprété le courriel comme une ingérence dans ses activités, vu l’approche des votes de grève. Selon lui, l’employeur y faisait référence à ses offres et laissait entendre que si le syndicat retirait certaines de ses demandes, il pourrait offrir mieux sous d’autres aspects.

« Ce qu’on reproche à l’employeur, c’est carrément d’avoir sauté par-dessus le syndicat pour s’adresser à nos membres, alors que la législation est claire que s’ils veulent discuter, faire une offre salariale, ils doivent le faire en bonne et due forme à la table de négociation avec le syndicat. Et là, ils ont essayé d’utiliser une espèce de stratégie pour entrer dans la tête de nos membres et les influencer à la veille de la tenue des votes de grève », a fait valoir Marc Brière, président national du Syndicat des employés de l’impôt, en entrevue mardi.

Le syndicat a donc déposé une plainte, demandant notamment que les communications directes de l’Agence avec les employés ayant trait aux négociations cessent. Il demande également le paiement d’une somme de 2000 $ à titre de dédommagement.

M. Brière insiste pour que l’Agence du revenu du Canada reconnaisse publiquement son erreur, s’excuse et s’engage à ne plus le refaire.

Au moment d’écrire ces lignes, l’Agence n’avait pas encore fait connaître ses commentaires.

Appui « phénoménal » à la grève

Entre-temps, les assemblées pour se prononcer sur le mandat de grève vont bon train et elles se poursuivront jusqu’au 1er avril.

« Jusqu’à présent, le soutien pour le mandat de grève est phénoménal ! Je dois vous avouer que j’ai de la misère à y croire moi-même. C’est du jamais vu ! Je le vois sur le terrain : on a des gens qui viennent en nombre record à nos assemblées générales », a rapporté M. Brière.

Le Syndicat des employés de l’impôt souhaite qu’une éventuelle grève coïncide avec celle, plus large encore, de l’Alliance de la fonction publique du Canada, ce printemps, ce qui donnerait au total plus de 140 000 membres dans la fonction publique fédérale.

M. Brière explique que le Syndicat des employés de l’impôt pourrait auparavant adopter d’autres moyens de pression, graduellement, avant d’en venir à la grève en même temps que l’AFPC. Mais il insiste : la priorité est à la reprise des négociations, pas à la grève.

Il souligne que la dernière grève à l’Agence du revenu du Canada date de l’automne 2004.